Comment la RD Congo gâche son potentiel pétrolier
Malgré un potentiel indéniable, la prospection pétrolière reste marginale, et le secteur tarde à se réformer. Qu’est-ce qui ne va pas à Kinshasa ?
Pétrole : quand les juniors taquinent les majors
Avec les 25 000 barils extraits chaque jour par le franco-britannique Perenco dans la province du Bas-Congo, la RD Congo est loin de jouer dans la cour des grands. Ce n’est pourtant pas faute d’un potentiel important, en particulier dans les zones frontalières de l’Ouganda et de l’Angola. Si, dès 2005, la prospection a été engagée dans le bassin côtier (six blocs octroyés) et dans le graben Albertine (quatre blocs octroyés sur les cinq délimités), elle reste insignifiante dans la Cuvette centrale, une vaste zone découpée en une vingtaine de blocs, ainsi que dans le graben Tanganyika et le lac Upemba où, respectivement, dix et trois blocs ont été ouverts depuis 2010, aucun n’ayant encore été attribué.
Lenteur
Longtemps marginalisé dans la politique économique du pays, le secteur pétrolier pâtit d’un manque de stratégie et de gouvernance qui explique en partie la lenteur des réformes. Ainsi, bien que prévue dans l’accord triennal signé le 11 décembre 2009 avec le Fonds monétaire international (FMI), la promulgation du code des hydrocarbures traîne. Seule la réglementation fiscale a été actualisée.
Au chapitre des entraves : la corruption, le déficit d’informations sur les contrats signés, le montant variable des bonus et le manque de respect des engagements pris. Les blocs 1 et 2 du graben Albertine ont ainsi été attribués à Tullow Oil et Heritage Oil, puis aux sud-africains Divine Inspiration Group et PetroSA, avant de revenir en 2010 aux sociétés Caprikat et Foxwhelp, immatriculées dans les îles Vierges britanniques. À ceci s’ajoutent des différends frontaliers : sur le bassin côtier, la RD Congo et l’Angola sont en conflit sur la délimitation des espaces maritimes ; sur le lac Albert, les tensions avec l’Ouganda sont toujours d’actualité, tandis que les groupes armés présents dans l’Est ne demandent qu’à prendre le contrôle des gisements. Enfin, l’activité pose des questions environnementales, notamment dans le Bas-Congo et dans le parc national des Virunga.
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