L’artiste sud-africain Joe Dog censuré à la Fondation Calouste-Gulbenkian de Lisbonne
Plus connu sous le nom de Joe Dog, l’artiste sud-africain Anton Kannemeyer a été victime d’une étrange affaire de censure au Portugal, dans la librairie de la Fondation Calouste-Gulbenkian à Lisbonne.
![Couverture de la BD Pappa in Afrika. © DR](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/05/13/013052015122703000000papa.jpg)
Couverture de la BD Pappa in Afrika. © DR
L’artiste sud-africain Anton Kannemeyer, qui signe aussi sous le pseudonyme de Joe Dog, est connu pour avoir créé le magazine d’avant-garde Bitterkomix en 1992. Provocateur, amateur d’humour noir, il s’est plusieurs fois approprié l’imagerie raciste pour nourrir un discours critique sur le colonialisme et l’apartheid. Parodiant le style du dessinateur belge Hergé, il a ainsi réalisé une satire de Tintin au Congo intitulé Pappa in Afrika – où le reporter du Petit vingtième est présenté comme un raciste impérialiste.
"Un acte de censure"
En prévision de la visite d’Anton Kannemeyer à Lisbonne en mai 2015, dans le cadre d’un colloque sur la bande-dessinée africaine, la librairie de la fondation Calouste Gulbenkian a mis en vente les ouvrages de l’artiste, dont Pappa in Afrika. La réaction de la direction ne s’est pas faite attendre : dans l’après-midi, le directeur de la Fondation exigeait le retrait du livre, sans fournir la moindre explication quant à cette exigence. Le responsable du programme consacré à l’Afrique prochain futur, Antonio Pinto Ribeiro a immédiatement protesté : "Considérant ceci comme un acte de censure, j’ai écrit, dans la matinée du 22 Avril, une lettre au président afin de contester sa décision, puisque je la considérais comme un acte de censure autoritaire."
Onze années de collaboration et une réputation internationale (il avait notamment fait partie du jury des Rencontres de la photo de Bamako) n’ont pas ému le banquier Artur Santos Silva, qui a décidé de mettre fin, le 27 avril, au contrat d’Antonio Pinto Ribeiro. Le départ contraint de ce dernier met aujourd’hui en danger l’une des plus sérieuses initiatives d’Europe consacrée aux artistes contemporains africains.
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