Égypte : démission du ministre de la Justice, pour qui un enfant d’éboueur « ne peut devenir juge »

Le ministre égyptien de la Justice, Mahfouz Saber, a démissionné lundi suite au tollé provoqué par ses déclarations lors d’une interview télévisée dimanche soir.  

L’ex-ministre égyptien de la Justice, Mahfouz Saber, sur la chaîne privée TV TEN. © Capture d’écran/Youtube

L’ex-ministre égyptien de la Justice, Mahfouz Saber, sur la chaîne privée TV TEN. © Capture d’écran/Youtube

Publié le 12 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Interrogé par une journaliste de la chaîne privée TV TEN (voir ci-dessous) sur les critères de sélection à l’entrée de la magistrature, le ministre a répondu : "Avec tout le respect que je porte aux éboueurs [agents publics de nettoyage, NDLR], le juge doit être issu d’un milieu respectable que ce soit sur le plan financier ou moral". Et d’ajouter : "Si jamais un éboueur devenait juge, il souffrirait inévitablement de dépression et d’autres troubles". "Il ne pourrait donc pas poursuivre dans la profession", a t-il conclu.

Enfin, quand la journaliste lui demande ce qu’il doit alors advenir des éboueurs et de leurs enfants qui ne trouvent pas d’emploi, le ministre répond benoîtement qu’ils finiront par trouver "un travail qui leur est adapté."

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Tollé sur les réseaux sociaux

Les déclarations du ministre n’ont pas tardé à susciter l’indignation des Égyptiens. À commencer par le président du syndicat des éboueurs qui a déclaré que ses propres fils avaient fait des études de médecine, contrairement aux fils du ministre qui eux, ont fait des études de droit, considérées en Égypte comme de relativement bas niveau.

L’ancien vice président Mohamed El-Baradei s’est également fait entendre en postant un message sur Twitter : "La déclaration universelle des droits de l’homme : ‘tout le monde a le droit d’accéder aux fonctions publiques de son pays’, lorsque la notion de justice disparaît, tout disparait".
 

 

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Beaucoup ont rappelé que les déclarations du ministre violent l’article 53 de la Constitution egyptienne qui prohibe toute discrimination sociale, religieuse ou ethnique.
Lundi soir, le Premier ministre Ebrahim Mehleb a annoncé la démission de Mahfouz Saber, invoquant "un lapsus" qui "constitue un manque de respect pour l’opinion publique". Ibrahim El-Heneledi a été désigné comme ministre de la Justice par interim.

Quelques heures après l’annonce de sa démission, Mahfouz Saber s’est expliqué sur la chaîne de télévision El Mehwar : "Ma remarque reflète la réalité de la société égyptienne. J’ai accepté le portefeuille du ministère de la justice pour l’Égypte, je démissionne aujourd’hui pour l’Égypte. J’ai proposé ma démission sans avoir subi aucune pression extérieure, pour mettre fin au scandale."

Faire avancer le débat sur le mérite

Plusieurs Égyptiens se félicitent de la démission du ministre. interrogé par GolfNew, Hafez Abu Saeda, activiste des droits de l’homme, explique : "Qu’il ait démissionné de force ou de son libre arbitre, peu importe. La démission était nécessaire pour rassurer les Égyptiens sur le fait que les remarques ségrégationnistes n’ont pas lieu d’être dans notre société."

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>> Voir l’intervention de l’ex-ministre égyptien de la Justice, Mahfouz Saber, sur la chaîne privée TV TEN :

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