Afrique du Sud : qui est (vraiment) Mmusi Maimane, le leader noir du « parti blanc » ?
À 34 ans, Mmusi Maimane a été élu dimanche à la tête de l’Alliance démocratique (DA), première force d’opposition en Afrique du Sud et considérée par le pouvoir comme un « parti blanc ». Une ascension fulgurante pour un jeune homme parti de Soweto. Mais qui est-il vraiment ?
Natif de Dobsonville, homme d’affaires et philanthrope
Mmusi Maimane est né le 6 juin 1980 à Dobsonville, un township de Soweto, épicentre de la lutte anti-apartheid. Ses parents y vivent encore. Mais le garçon, diplômé en psychologie et titulaire de deux maîtrises – une en administration publique et une en théologie – a préféré poser ses valises depuis quelques années à Johannesburg.
Mais "c’est à Soweto qu’il a passé l’essentiel de sa vie, insiste-t-on sur le site internet de l’Alliance démocratie (DA, première force d’opposition en Afrique du Sud). Par le sacrifice, le travail acharné et la volonté de saisir les opportunités qui lui étaient offertes, il a construit une impressionnante carrière dans les affaires et s’est également consacré aux diverses actions communautaires."
Polyglotte et éloquent – en dehors de l’anglais il parle couramment sept langues nationales sud-africaines -, Mmusi Maimane est avant tout un entrepreneur (il a notamment créé une société de conseil en gestion ). Mais cela ne lui a pas empêché de soutenir quelques ONG engagées notamment dans la lutte contre le VIH, selon la DA.
Get to know the new Leader of the DA, @MmusiMaimane. pic.twitter.com/QdkmrHpejY
— Democratic Alliance (@Our_DA) 11 Mai 2015
Dix ans de mariage et #DASexScandal
Et à Johannesburg, on peut souvent apercevoir Mmusi Maimane en train de prêcher à Liberty Church. C’est même dans cette église évangélique que les chemins du pasteur ont croisé fin des années 90 ceux de Natalie, son épouse qui est Blanche. Deux enfants – une fille et un garçon – sont nés de leur mariage qui fête cette année ses noces d’étain.
Mmusi et Natalie Maimane, le jour de son élection à la tête de DA
© Gianluigi Guercia/AFP
Début mai pourtant, le site sud-africain News24 affirme avoir reçu un mail anonyme faisant étant d’un scandale sexuel au sein de DA. "Des hommes prenaient leurs collègues féminins comme des jouets sexuels", selon l’auteure de la dénonciation qui dit avoir été elle-même une victime de ce "passe-temps favori" de ses camarades masculins du parti. Celui-ci dément. Trop tard, la twittosphère sud-africaine s’enflamme : hashtag DASexScandal. Obligeant la femme de Mmusi Maimane de monter au créneau pour réaffirmer sa confiance à son homme sur le même réseau social.
16 years of friendship, 10 years of marriage. I know the character of @MmusiMaimane He’s the real deal. The mud will simply wash off.
— Natalie Maimane (@MrsMaimane) 2 Mai 2015
Parmi les hommes les plus stylés d’Afrique du Sud
Dans l’entourage politique de Mmusi Maimane, le démenti est également formel. Celui que l’on surnomme affectueusement le "Barack Obama de Soweto", cité parmi les 50 hommes les plus stylés d’Afrique du Sud en 2014 par la version sud-africaine du magazine GQ, n’aurait rien à voir avec le prétendu scandale sexuel au sein de sa formation politique.
>> Lire aussi : Mmusi Maimane, le Barack Obama de l’Alliance démocratique ?
Déçu de l’ANC et protégé de Helen Zille
Lui qui se bat contre la politique du président Jacob Zuma qu’il n’hésite pas à le traiter publiquement de “voleur” et de “corrompu”. Mmusi Maimane, dont les parents se reconnaissent encore dans les idées du Congrès national africain (ANC), est en effet un déçu de ce parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994.
Une déception qui atteint son paroxysme avec la démission forcée le 21 septembre 2008 de Thabo Mbeki, alors président de la République. Ce dernier, soupçonné d’interférences politiques dans l’instruction judiciaire d’une affaire de corruption dans laquelle Jacob Zuma serait impliqué, était désavoué par l’ANC, après le prononcé d’un non-lieu par la justice sud-africaine.
L’année suivante, Mmusi Maimane décide de rejoindre la DA. Helen Zille, alors leader de cette formation politique longtemps considérée comme "parti blanc", le prend sous son aile. En 2001, c’est lui qui est désigné tête de liste de sa formation politique aux municipales à Johannesburg.
Et en 2014, l’étoile montante de DA gravit une autre étape en se présentant aux élections provinciales dans la même circonscription. La même année, il devient le chef du groupe parlementaire de son parti à l’Assemblée nationale, et de surcroît, chef de l’opposition sud-africaine. Rien ne semble ajourd’hui pouvoir arrêter l’ascension du jeune loup de la politique sud-africaine.
>> Lire aussi : Mmusi Maimane, premier Noir élu à la tête du principal parti de l’opposition
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...