RDC : pour dénoncer l’insécurité, opération « ville morte » dans le Nord-Kivu

Les habitants de Beni, localité dans l’est de la RDC, s’insurgent contre l’inefficacité de l’armée et des autorités, après un énième massacre de civils dans la région.

Cinq personnes ont été tuées à la machette en avril 2015 à Béni. © AFP

Cinq personnes ont été tuées à la machette en avril 2015 à Béni. © AFP

Publié le 12 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Écoles fermées, boutiques closes, entreprises désertées…Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo, avait des allures de ville fantôme lundi.

Et pour cause : les habitants y ont observé une opération "ville morte" pour dénoncer l’inefficacité de l’armée et des autorités, après un énième massacre de civils dans la région. "Nous demandons aux autorités de procéder au changement du commandement des opérations Sukola 1 qui ont failli à leur mission de sécuriser les populations", a déclaré Gilbert Kambale, l’un des dirigeants de la Société civile de Beni, une ONG locale.

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>> Lire aussi : RDC – Massacre de civils à Beni : que font l’armée et la Monusco ?

Qu’est-ce-que l’opération Sukola 1 ?

Cette opération militaire a été lancée par l’armée congolaise début 2014 contre les rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), installés dans l’est du Congo depuis 1995. Elle est dirigée par un proche du président congolais Joseph Kabila, le général Muhindo Akili "Mundos".

Les miliciens des ADF sont soupçonnés d’avoir tué plus de 300 civils dans une série de massacres commis depuis octobre dans la région de Beni. Vendredi, la dernière attaque en date a coûté la vie à sept personnes.

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>> Lire aussi : RDC : la situation explosive de Beni expliquée en 4 points

"On nous tue et ils font comme si de rien n’était"

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"Nous n’avons pas ouvert la boutique aujourd’hui", a affirmé le propriétaire d’un magasin de vêtements à Beni. La ville, importante place commerciale à 250 km au nord de Goma, compte environ 500 000 habitants. "Les autorités n’assurent pas notre sécurité", s’est indigné ce trentenaire, "on nous tue et ils font comme si de rien n’était".

"Je comprends l’inquiétude de notre population, mais la solution ne sera pas trouvée comme par un coup de baguette magique", a déclaré le maire par intérim de Beni, Angèle Nyirabitaro, invitant les habitants à "faire confiance" aux autorités.

Forte dégradation de la situation sécuritaire

La sécurité dans la région de Beni s’est fortement dégradée depuis le début du mois. Le 5 mai deux Casques bleus de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco) et deux civils ont été tués dans une embuscade. La veille, un hélicoptère de l’ONU avait été obligé d’atterrir en urgence après avoir essuyé des tirs.

En décembre, une opération conjointe de l’armée congolaise et de la Monusco avait contribué à ramener le calme dans la zone, sans que les massacres de civils ne cessent totalement.

Cette opération a par ailleurs fait les frais de la brouille entre la Monusco et les autorités de Kinshasa. Depuis quelques mois, les deux forces n’entretiennent pratiquement plus de coopération militaire.

(Avec AFP)

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