Afrique subsaharienne : Moody’s maintient ses perspectives en 2015
Des dix-sept États d’Afrique subsaharienne évalués par Moody’s, seuls l’Angola et le Ghana ont des notes accompagnées de perspectives négatives. L’agence de notation s’inquiète néanmoins des politiques économiques pro-cycliques adoptées par de nombreux pays de la région.
L’Afrique subsaharienne devrait enregistrer cette année la plus forte croissance économique au monde, entre 4,5 % et 4,75 %, après les pays en développement d’Asie (plus de 6,5 % en moyenne). Une performance supérieure de loin à la croissance mondiale (3 %) attendue en 2015, en dépit de la chute des cours du pétrole et des autres matières premières, et qui tient notamment : aux investissements importants dans les infrastructures, aux gains de compétitivité obtenus grâce aux dépréciations des monnaies locales, aux efforts de réforme en cours et à une classe moyenne qui soutient de plus en plus la demande intérieure.
Perspectives
C’est le diagnostic que dresse Moody’s dans une note d’analyse publiée le 18 mai. Dans ce document, l’agence de notation rappelle que les notes de 13 des 17 pays* qu’elle évalue en Afrique subsaharienne sont accompagnées de perspectives stables. Celles de l’Angola (Ba2) et du Ghana (B3) sont accompagnées de perspectives négatives, en raison de la réduction de la croissance et de la détérioration des équilibres macroéconomiques que devrait entraîner la dépréciation des cours des matières premières. Les notes souveraines de la Côte d’Ivoire (B1) et du Sénégal (B1), en revanche, sont accompagnées de perspectives positives, signe qu’un relèvement de leur niveau est possible au cours des 2-3 prochains semestres.
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Tendances
S’il se veut rassurant sur les perspectives à moyen-terme de l’Afrique subsaharienne, le rapport de Moody’s met en évidence, malgré tout, certaines tendances assez inquiétantes.
L’agence de notation note ainsi que pour la deuxième année consécutive, la région devrait connaître une décélération de sa croissance et attire l’attention sur le danger des politiques pro-cycliques suivies par plusieurs États de la région.
Ces derniers ont tendance, regrette Moody’s, à accroître leurs dépenses durant les hausses des cours et de la demande de matières premières plutôt que de constituer des réserves. Selon ses estimations, seuls les fonds souverains de l’Angola et de la République du Congo ont accumulé des réserves suffisantes (environ 17-18 % du PIB) ces dernières années. Le Nigeria, qui s’était engagé dans cette voie, a puisé dans ses réserves alors même que les cours étaient encore élevés.
Moody’s s’inquiète aussi des réductions de dépenses annoncées par les États pétroliers de la région au cours des derniers mois, en réponse à la chute des revenus des hydrocarbures.
« Nous constatons, écrivent ses analystes, que les coupes sont réalisées principalement dans les dépenses en investissement et dans d’autres portefeuilles budgétaires où elles peuvent être réalisées sans exposer les gouvernements à des difficultés socio-politiques immédiates ».
Étant donné que les déficits en matière d’infrastructures (particulièrement dans le domaine de l’énergie) sont parmi les principaux obstacles à la croissance économique, ces coupes « finissent par saper les perspectives de croissance de ces pays », prévient Moody’s, qui recommande plutôt la réduction des subventions aux hydrocarbures et une consommation énergétique plus « efficace ».
* En Afrique subsaharienne, Moody’s note : l’Angola, le Botswana, la Côte d’Ivoire, la RD Congo, l’Éthiopie, le Gabon, le Ghana, le Kenya, Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, le Congo-Brazzaville, le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Ouganda et la Zambie.
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