Israël : à droite toute !

Benyamin Netanyahou a annoncé sa nouvelle coalition le 6 mai, formée in extremis après deux mois de tractations. Les nationalistes religieux du Foyer juif décrochent plusieurs ministères capitaux.

Naftali Bennett, le nouveau ministre de l’Éducation, le 18 janvier 2015 © Abir Sultan/AP/SIPA

Naftali Bennett, le nouveau ministre de l’Éducation, le 18 janvier 2015 © Abir Sultan/AP/SIPA

perez

Publié le 21 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Avec une très courte majorité de 61 députés sur 120 à la Knesset, soit le minimum requis pour gouverner, le Premier ministre israélien sait que son quatrième mandat ne tient qu’à un fil. Deux mois après la victoire de son parti, le Likoud, aux élections législatives anticipées, Benyamin Netanyahou est parvenu in extremis, le 6 mai, à former une coalition.

L’accord signé avec le Foyer juif, le parti nationaliste religieux de Naftali Bennett, a été conclu au prix de douloureuses concessions. Bennett, qui rêvait du ministère de la Défense et appelait, l’été dernier, à renverser les islamistes du Hamas à Gaza, hérite finalement de celui de l’Éducation. Mais son parti, dont les colons constituent le principal vivier électoral, a obtenu des postes clés qui faciliteront de nouvelles constructions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, à l’instar d’un projet de 900 logements révélé par l’ONG Shalom Arshav ("la paix maintenant"), qui dénonce un "gouvernement de colons".

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En outre, si Ouri Ariel – numéro deux du Foyer juif – perd le portefeuille du Logement au profit de celui de l’Agriculture, il se voit attribuer la très influente commission de l’implantation de l’Agence juive, chargée de loger les nouveaux immigrants, parfois jusque dans les territoires palestiniens.

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Épouvantail

Ultime figure du Foyer juif à jouer les premiers rôles, la redoutable Ayelet Shaked, qui obtient le ministère de la Justice. Une nomination qui a de quoi inquiéter les magistrats, puisque Shaked soutient l’adoption d’un amendement qui limiterait le pouvoir de la Cour suprême, le saint des saints de la démocratie israélienne. L’été dernier, la publication sur sa page Facebook d’un article d’Uri Elitzur a achevé sa réputation.

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Le journaliste d’extrême droite, réagissant au kidnapping de trois adolescents israéliens à Hébron, qualifiait les enfants palestiniens de "petits serpents" et soutenait qu’il était justifié de bombarder des civils quand ils donnent refuge au "mal". Dès lors, Ayelet Shaked est devenue l’épouvantail de la gauche israélienne. Sa sécurité rapprochée a même dû être récemment renforcée après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un photomontage la montrant vêtue d’un uniforme de SS.

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Pour Benyamin Netanyahou, rien n’est encore joué, même après le vote à la Knesset en deuxième et troisième lectures d’une loi l’autorisant à nommer plus de ministres qui lui permettrait de boucler son gouvernement en distribuant les derniers portefeuilles au sein du Likoud. "Bibi" se sait aussi attendu par la communauté inter­nationale après avoir exclu, la veille du scrutin du 17 mars, toute concession aux Palestiniens.

Pour lui, Israël se trouve dans l’oeil du cyclone. "Au Moyen-Orient, la situation est telle que chaque territoire abandonné par Israël va être directement investi par des forces islamistes radicales et des organisations terroristes soutenues par l’Iran", a martelé le Premier ministre, préoccupé par la présence de Daesh et du Hezbollah aux frontières nord du pays.

Dans les coulisses, certaines sources laissent entendre que Netanyahou serait tenté de céder le ministère des Affaires étrangères au travailliste Itzhak Herzog, apprécié par l’Europe et les États-Unis, dont les 24 sièges à la Knesset seraient un bol d’air pour sa coalition. "Nous n’irons pas à son secours", répond Herzog, qui considère le nouveau gouvernement comme une "catastrophe nationale" et rêverait plutôt de nouvelles élections.

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