Au Maroc, politique et bigamie ne font pas bon ménage

Face au scandale soulevé par leur projet de mariage, deux ministres ont quitté le gouvernement Benkirane.

Soumia Benkhaldoun a démissionné avec son fiancé, El Habib Choubani. © Abdelhak Senna/AFP

Soumia Benkhaldoun a démissionné avec son fiancé, El Habib Choubani. © Abdelhak Senna/AFP

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 18 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

"Les démissions font partie des pratiques politiques modernes. Elles n’ont pas toujours de raisons valables. Dans ce cas, les médias s’en sont mêlés, et les deux ministres ont préféré partir."

Ainsi s’exprimait Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement marocain, le 14 mai, au sujet de la démission, deux jours plus tôt, des ministres El Habib Choubani et Soumia Benkhaldoun.

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Le numéro de J.A. sur la polygamie sorti le 10 mai.

Tous deux avaient projeté de se marier bien que le député d’Errachidia ait déjà une première épouse. Une affaire de polygamie qui a défrayé la chronique au Maroc et à laquelle Jeune Afrique a consacré, la semaine dernière, une grande enquête.

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Le 12 mai, deux jours après la sortie de notre numéro, le cabinet royal a publié un communiqué déclarant que "le roi avait bien voulu donner son accord à une demande de décharge de deux ministres qui ont présenté individuellement leur démission du gouvernement".

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Troisième ministre concerné par cette vague de départs, Abdelâdim El Guerrouj a, lui, été démis de ses fonctions pour une facture de chocolat exorbitante. Après Mohamed Ouzzine, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, en janvier dernier, le couple polygame constitue le deuxième cas de démission individuelle entériné par le souverain alors que, selon la tradition, les ministres ne quittent pas volontairement le gouvernement de Sa Majesté.

Jusque-là, nominations et départs étaient d’abord discutés au Palais. On en attribuait ensuite la responsabilité au chef de l’équipe ministérielle pour la forme. Avec ces démissions, la liberté de mouvement accordée aux membres du gouvernement par la Constitution devient réalité.

Mais le roi a encore son mot à dire.

Tempête

Ce 8 mai, donc, Benkirane rencontre Mohammed VI, à peine rentré de sa tournée dans le Golfe. De plus en plus intraitable dès lors qu’une affaire scandalise l’opinion, ce dernier valide les départs.

Les concertations avec le cabinet royal sur la forme à leur donner durent tout le week-end, selon un membre du Parti de la justice et du développement (PJD). Les ministres présenteront leur démission écrite au chef du gouvernement, qui les transmettra au roi.

Le 11 mai, cette formule est adoptée par le secrétariat national du PJD lors d’une réunion exceptionnelle. "C’est une décision très dure à prendre, mais il le faut", confiera Benkirane à ses collègues. La tempête a fait tomber deux ministres, mais le Maroc y a gagné : sa Constitution a été respectée à la lettre. 

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