Burundi : qui est Godefroid Niyombare, l’auteur du coup d’État manqué ?

Limogé en février de ses fonctions de chef des renseignements, il est l’instigateur du coup d’État manqué du 13 mai. Portrait.

Godefroid Niyombare, auteur du putsch manqué du 13 mai au Burundi. © Jean Pierre Harerimana/Reuters

Godefroid Niyombare, auteur du putsch manqué du 13 mai au Burundi. © Jean Pierre Harerimana/Reuters

Publié le 20 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Il a tenté, il a échoué. Et avoué, le 15 mai, son impuissance à destituer le président Nkurunziza. Godefroid Niyombare, né en 1969, sept ans après l’indépendance du Burundi, appartient à cette génération qui a grandi à une époque particulièrement difficile de l’histoire du pays.

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Celle où les Burundais se déterminaient par rapport à leur communauté d’origine, se sentant hutus ou tutsis avant toute autre considération. Une vision source de divisions et de repli identitaire.

Natif de Kamenge, un quartier populaire de Bujumbura majoritairement habité par des Hutus, Niyombare est marqué dès l’enfance par ce climat d’exclusion et de haine réciproque.

Son père, une personnalité de la communauté hutue, est tué en 1972 lors des massacres ciblés qui déciment les cadres administratifs, militaires et politiques de cette ethnie. Le garçon sera élevé par sa mère, institutrice.

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Toque léopard

Ces événements traumatisants, qui nourrissent chez lui un sentiment d’injustice et éveillent sa conscience politique, poussent le jeune Niyombare à adhérer au Parti pour la libération du peuple hutu (Palipehutu).

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En 1991, à la fin de ses études secondaires chez les jésuites, à Bujumbura, il entre dans la fonction publique, à l’Office national des télécommunications. Las, le Burundi, après avoir choisi la voie de la démocratie, qui conduit en 1993 à l’élection de Melchior Ndadaye, premier président hutu de l’histoire, sombre de nouveau dans la violence et l’intolérance après l’assassinat de celui-ci par des éléments de l’armée.

Une rébellion, dite des Forces de défense de la démocratie, voit le jour. Godefroid Niyombare la rejoint en 1995 et devient commandant de région. Comme il aime à le raconter, il porte alors un costume à la zaïroise et se promène canne à la main, coiffé d’une toque de léopard, ce qui lui vaut le surnom de Mobutu.

De Pierre Nkurunziza, croisé à cette époque dans les maquis, il garde le souvenir d’un médiateur écouté de tous. Devenu en 2009 le premier hutu chef d’état-major de la nouvelle armée burundaise, puis ambassadeur au Kenya et enfin chef du Service national des renseignements, Godefroid est réputé pour être un homme discret, qui passe son temps auprès de sa famille.

Pour accroître ses revenus, il s’est lancé dans l’agriculture. Croyant, il n’hésitait pas à se rendre fréquemment dans la banlieue de Kampala pour se recueillir sur le site consacré aux Martyrs de l’Ouganda, qui payèrent de leur vie leur foi chrétienne à l’époque du royaume du Buganda.

Mais à supposer qu’il ait prié pour renverser le président, il n’a pas, cette fois, été exaucé. 

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