Maroc : Fès en fête avec le festival des musiques sacrées du monde

La diva malienne Oumou Sangaré, le reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly, le légendaire percussionniste sénégalais Doudou Ndiaye Rose ou le rappeur sénégalais Faada Freddy… l’Afrique subsaharienne sera à l’honneur à Fès, du 22 au 30 mai, lors du Festival des musiques sacrées du monde, dont Jeune Afrique est partenaire.

>> À lire aussi : Mali : les rythmes du festival de Ségou défient le fracas des armes

Alors que le royaume entend développer ses relations commerciales avec le sud du continent, cette 21e édition insistera sur les liens culturels entre l’Afrique et le Maroc. Et renouera avec le prestigieux passé de l’ancienne capitale, carrefour médiéval incontournable où séjournaient les caravanes reliant la Méditerranée à la boucle du Niger et où les hommes s’échangeaient des objets précieux… mais aussi des manuscrits et des idées.

"Davantage que la circulation des marchandises, il convient de retenir le brassage des cultures et traditions pour cette époque, et la présence de part et d’autre du Sahara d’hommes frontières entre ces deux mondes par qui s’est transmise, de génération en génération et jusqu’à nous, la mémoire de ces relations ; Sidi Ahmed Tidjani [le fondateur de la confrérie tidjane] et Hassan al-Wazzan, dit Léon l’Africain, en sont les figures emblématiques", écrit Abderrafia Zouitene, le président de la Fondation Esprit de Fès et du festival, dont le grand-père fut l’une de ces figures intellectuelles.

Un aïeul marocain qui s’était installé en 1925 à Saint-Louis, au Sénégal, pour transmettre son savoir spirituel.

Saïd Taghmaoui et Bakary Sangaré, de la Comédie française, permettront aux festivaliers de revivre la formidable épopée de Léon l’Africain, l’auteur de la précieuse Description de l’Afrique, dans un spectacle "son et lumière" qui ouvrira les festivités place Bab-Makina.

Hommage à la "ville aux 333 saints"

Des images de sites culturels tels que Tombouctou seront projetées sur les murailles de la médina, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, transformant la porte de Bab-Makina en une ouverture sur les anciens royaumes subsahariens. Une manière aussi de rendre hommage à la "ville aux 333 saints", qui a dû affronter la démence meurtrière des fous de Dieu d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Abolir les frontières, multiplier les rencontres, appeler au respect de l’autre, c’est la raison d’être de l’événement. "À sa création, le festival prônait l’ouverture, la tolérance et le dialogue interreligieux. Vingt et un ans plus tard, ce message est plus que jamais d’actualité. C’est pourquoi le Forum [dirigé par le philosophe Ali Benmakhlouf], qui invite à réfléchir à des thématiques universelles en compagnie de penseurs, de philosophes, d’écrivains, est tout aussi important que les rencontres musicales", explique Abderrafia Zouitene.

Les 200 000 festivaliers qui sont attendus sur l’ensemble des sites du in et du off (dont les concerts sont gratuits) pourront apprécier la riche programmation musicale, qui fait la part belle aux duos et aux rencontres inhabituelles. L’on pourra ainsi s’évader avec, entre autres, la Malienne Fatoumata Diawara et le Cubain Roberto Fonseca, au son des binious bretons de Cap Caval et de l’Ensemble Lamkartass de Tissa (Maroc), ou de la kora de Ballaké Sissoko qui nous emportera des rives du fleuve Niger à celles du Gange, sur des airs de guitare de l’Indien Debashish Bhattacharya…

Festival des musiques sacrées du monde, du 22 au 30 mai, à Fès. Programmation disponible sur : fesfestival.com