Arts plastiques : à Art Dubaï 2015, l’Afrique était bien là

Très présents à Venise pour la biennale internationale d’Art contemporain, exposés récemment à New York pour une version pop-up de la foire d’art africain contemporain1 :54, les artistes du continent étaient aussi très visibles en mars à Art Dubaï, dans les Emirats, où ils ont bien vendu. Autant de signes d’une tendance économique positive ?

Publié le 20 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

*Clothilde Monat est auteur, journaliste et professeur de Lettres au Lycée français d’Abu Dhabi.

A Art Dubaï, rencontrer des artistes nord-africains n’est pas rare, 31 % des galeries étant originaires des pays du MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Mais désormais, les organisateurs de cette foire d’art moderne et contemporain considérée comme la plus importante de la région encouragent la participation de l’Afrique noire, si bien que 8% des galeristes viennent désormais du sud du continent.

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Un marché inscrit dans le paysage international

Il y a deux ans, les organisateurs avaient proposé que la troisième section de la foire intitulée "Market" soit réservée aux artistes africains. Cette voie a été suivie. Cette année encore, deux galeries du Nigéria et deux d’Afrique du Sud y participaient pour la première fois. D’autres, comme la galerie parisienne Imane Farès, sont connus pour le travail de représentation d’artistes qu’elles mènent depuis plusieurs années.

Les succès rencontrés à Art Dubaï peuvent s’expliquer par les résonances que les œuvres produisent avec l’actualité ou l’histoire du Moyen-Orient. Voilà sans doute pourquoi le peintre tunisien Nja Mahdaoui, de la Galerie El-Marsa, a de nouveau vendu l’une de ses calligraphies d’inspiration arabe, pour 95 000 dollars, à un collectionneur du Moyen-Orient. Mais certaines œuvres sont plébiscitées pour d’autres raisons. Un collectionneur parisien a ainsi acheté 8 800 dollars une création du Béninois Gerard Quenum, Viens avec moi présentée par la galerie Art Twenty One de Lagos. "L’acquéreur de Know The Worth du Sud Africain James Webb est un collectionneur nigérien, précise Raissa Khochman, de la galerie Imane Farès. Son investissement de 10 000 dollars est le fruit d’un coup de cœur."

Pour une histoire universelle de la modernité artistique

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De son côté, la Loft Art Gallery de Casablanca (Maroc) inaugurait sa participation à Art Dubaï avec des œuvres de Mohamed Hamidi et de Mohamed Melehi. Pour la galeriste Yasmine Berrada, "les artistes marocains des années 1960 ont été avant-gardistes et ils ont milité pour un art universel. Beaucoup de collectionneurs s’intéressent à eux actuellement parce qu’ils découvrent que l’art moderne est né aussi au Maroc." Deux tableaux de Melehi ont trouvé acquéreur à Art Dubaï, dont un pour 60 000 dollars, et deux œuvres de Hamidi ont été cédées, à des particuliers et à une institution locale. Le directeur de la galerie Perve de Lisbonne, Carlos Cabral Nunes, apporte un autre témoignage intéressant : "le Capverdien Manuel Figueira et le Mozambicain Ernesto Shikhany, que j’ai choisi d’exposer, ont contribué à l’évolution de l’art contemporain africain avec un type de peinture unique très en réaction contre la réalité de leur époque." Pour lui, le succès de ces tableaux constitue un point de départ encourageant : "Négociées entre 8 000 et 10 000 dollars, ces ventes prouvent un intérêt de la part des collectionneurs, venus surtout des Emirats, d’Inde, d’Europe, du Royaume-Uni, de Tunis. Ils veulent garder avec eux des œuvres représentatives de la modernité africaine."

Des investissements lucratifs

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Si les amateurs d’art présents à Dubaï espèrent faire de nouvelles découvertes, ils achètent aussi parce qu’ils parient sur la montée des cotes. "Le Nigeria a le vent en poupe", confie Caline Chagoury, responsable de la galerie Art Twenty One. En exposant à Art Dubaï la série des Tournesols d’Olu Amoda, lauréat du premier prix à la biennale de Dakar en 2014, elle ne s’attendait pas à entendre cette remarque de la part d’une collectionneuse : "Il faut suivre l’économie". Parier sur la différence africaine peut permettre de saisir des opportunités intéressantes, Dubaï étant reconnue aujourd’hui comme un carrefour de l’art international, notamment depuis l’installation de maisons de vente aux enchères comme Christie’s et Bonhams.

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