Xénophobie en Afrique du Sud : l’opération Fiela suscite la polémique
Dans le cadre de l’opération Fiela, plus de 400 Mozambicains ont été expulsés en fin de semaine dernière et la société civile dénonce une action xénophobe. Le gouvernement s’en défend assurant que l’opération a pour but de combattre le crime.
Dans un communiqué diffusé en fin de semaine dernière, les autorités sud-africaines se sont déclarées satisfaites "des progrès enregistrés par l’opération Fiela". "Au total, 3 914 arrestations ont été enregistrées […], 1 650 immigrants sans titre de séjour ont été arrêtés et 2 264 citoyens sud-africains l’ont aussi été pour différents crimes ou infractions", détalle le document.
Sur 3 914 arrestations, 1 650 immigrants sans titre de séjour ont été interpellés.
L’opération devrait se poursuivre
Accusé d’attiser la xénophobie, le gouvernement a "démenti catégoriquement que l’opération vise les étrangers", cette dernière ayant pour but affiché de combattre le crime. L’intervention va donc se poursuivre "pour récupérer les bâtiments publics squattés par des étrangers ou des Sud-Africains, et débarasser nos townships et nos villages de la drogue, nyaope, wunga et autre tik qui tuent tellement de jeunes", a ajouté le comité interministériel sur l’immigration en charge de l’opération et présidé par le ministre à la présidence Jeff Radebe.
>> Lire aussi : Xénophobie en Afrique du Sud : au secours, l’apartheid revient !
Pluie de critiques
Les critiques ne cessent pourtant de pleuvoir. Pour la coalition contre la xénophobie, l’action du gouvernement est contre-productive : "Au lieu de se focaliser sur la crise sociale, ces opérations donnent l’impression que la criminalité est une conséquence de la présence de personnes sans-papiers dans notre société. Ce n’est pas de cette manière que l’on combat la xénophobie. En faisant ça, on renforce et on justifie la xénophobie."
L’ex-secrétaire général de la confédération syndicale sud-africaine, Zwelinzima Vavi, a quant à elle, lors d’un meeting samedi 16 mai à Yeoville, quartier abritant une nombreuse diaspora africaine, dénoncé une "opération populiste, opportuniste et sans principe" qui "alimente les préjugés et l’impression que les immigrés sont fautifs de tous les maux économiques et sociaux de notre société".
La semaine précédente déjà, de nombreuses associations s’étaient insurgées contre une opération dans une église de Johannesburg, où plusieurs centaines d’immigrés avaient été arrêtés. La société civile proteste notamment contre la participation de l’armée à ces opérations, en particulier depuis le 21 avril, date à laquelle la ministre sud-africaine de la Défense a annoncé que l’armée viendrait en renfort dans certains quartiers visés par l’opération Fiela.
Plus de 400 Mozambicains ont encore été expulsés mi-mai.
Steve Faulkner, membre de la Coalition contre la xénophobie, dénonce "une véritable opération militaire". "Ces personnes, et notamment des femmes et des enfants, ont été emmenées au commissariat comme de vulgaires criminels", ajoute-t-il dans la presse sud-africaine.
Plus de 400 Mozambicains ont encore été expulsés mi-mai et il a fallu l’intervention, mardi 12 mai, d’avocats et défenseurs des droits de l’homme pour obliger le gouvernement à retarder l’expulsion éclair de 200 autres étrangers, et permettre à ces derniers d’accéder à un conseil juridique. Un deuxième groupe de 427 Mozambicains illégaux doit également être renvoyé dans les prochains jours. Ils sont détenus pour la majorité dans le camp de rétention de Lindela à Johannesburg.
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