Soudan du Sud : l’armée progresse dans le Nord, plus de 650 000 personnes en danger de mort

L’armée régulière sud-soudanaise a lancé fin avril une grande offensive dans le nord du pays, où elle s’apprête à conquérir une enclave rebelle stratégique. L’ONU dénonce des viols, des meurtres d’enfants et alerte sur le sort de 650 000 civils privés d’une aide vitale.

Un combattant soudanais des forces supplétives rapides dans la ville de Nyala, dans le Darfour du S © Ashraf Shazly/AFP

Un combattant soudanais des forces supplétives rapides dans la ville de Nyala, dans le Darfour du S © Ashraf Shazly/AFP

Publié le 19 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

L’offensive de l’armée contre les positions rebelles dans l’État pétrolier d’Unité (nord), est l’une des plus importantes depuis le début de la guerre civile au Soudan du Sud.

Dans un communiqué, le coordinateur humanitaire des Nations unies pour le Soudan du Sud, Toby Lanzer, a déploré les "immenses conséquences humanitaires des violences, qui ont fait que plus de 650 000 civils sont privés d’une aide vitale" dans les États d’Unité et du Haut-Nil, dont les rebelles ont attaqué vendredi 15 mai la capitale, Malakal (nord-est).

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"Des témoins font état de viols et assassinats ciblés de civils, dont des enfants. Des milliers de maisons ont été brûlées pendant l’offensive et l’hôpital de Leer est à nouveau menacé de destruction", a-t-il ajouté.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a précisé que des fillettes, parfois âgées de seulement sept ans, avaient été violées et tuées, des garçons de 10 ans ont été assassinés et d’autres mutilés ou enlevés par des "groupes armés alliés" aux forces gouvernementales.

>> Lire aussi : Au Soudan du Sud, des enfants-soldats enrôlés par centaines

Atrocités commises par les deux camps

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Le conflit, marqué par des atrocités des deux camps, a fait des dizaines de milliers de morts et plus de deux millions de déplacés.

"Le ciblage délibéré d’enfants dans ces attaques est un scandale", a jugé le chef de l’Unicef pour le Soudan du Sud, Jonathan Veitch. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a également dû évacuer Leer, a exprimé ses inquiétudes pour les habitants, privés de nourriture et de services de santé, alors que les combats se rapprochent.

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"Nous craignons que la situation de quelques 100 000 personnes à Leer, qui se cachent dans des conditions incroyablement dures, ne se dégrade de jour en jour", a indiqué le chef du CICR pour le pays, Franz Rauchenstein.

Leer, où est né Riek Machar l’ancien vice-président, avait été mise à sac par les forces gouvernementales en janvier 2014, incendiant l’hôpital tenu par Médecins sans frontières (MSF), depuis reconstruit par l’ONG. Il est impossible de confirmer dans l’immédiat si les forces gouvernementales avaient déjà atteint la ville, dont MSF a évacué son personnel début mai.

>> Lire aussi : Soudan du Sud : l’armée a commis des violences "effroyables", selon la médiation régionale

Enlisement du conflit

Partie de la ville de Bentiu (nord), capitale de l’État d’Unité, l’armée sud-soudanaise avançait lundi 18 mai vers le sud, en direction de la ville de Leer tenue par la rébellion. "Nous avons pourchassé les rebelles depuis les environs de Bentiu jusqu’à Leer", a affirmé le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, Philip Aguer. Parallèlement, l’armée a indiqué combattre plus au nord pour le contrôle de Malakal, ville stratégique pour accéder aux derniers puits de pétrole encore en activité au Soudan du Sud. La ville a changé plusieurs fois de mains depuis le début de la guerre civile et est quasi totalement détruite.

"Les combats se poursuivent", selon le porte-parole militaire Philip Aguer. "Olony a finalement annoncé qu’il faisait partie des forces de Riek Machar". Plus de la moitié des 12 millions de Sud-Soudanais ont besoin d’aide humanitaire, dont 2,5 millions souffrent de problèmes alimentaires graves, selon l’ONU.

>> Lire aussi : Soudan du sud : le processus de paix en échec

(Avec AFP)
 

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