RDC : pourquoi l’hommage de Zoé Kabila aux « kadogo » fait polémique sur Twitter

Le député congolais Zoé Kabila, frère du président de la RDC, a tenu à rendre un hommage samedi sur Twitter aux « kadogos qui ont fait le choix de laisser leurs stylos pour les armes ». Le tweet a été rapidement supprimé avant d’être republié. Retour sur une polémique.

Zoé Kabila est député national en RDC. © Capture d’écran/Jeune Afrique

Zoé Kabila est député national en RDC. © Capture d’écran/Jeune Afrique

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Publié le 18 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

17 mai 1997 – 17 mai 2015, dix-huit ans jour pour jour depuis l’entrée triomphale à Kinshasa des troupes de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération), la rébellion de Laurent-Désiré Kabila, mettant fin aux 32 ans de règne du président Mobutu. Pour marquer le coup, Zoé Kabila, l’un des fils de l’ancien chef rebelle, s’est fendu d’un tweet pour rendre hommage aux "kadogo [enfants soldats, en swahili, NDLR], vivants ou morts, qui ont fait le choix de laisser leurs stylos pour des armes".

Allusion faite aux enfants soldats recrutés, selon des rapports d’ONG et des Nations unies, pendant la campagne militaire de l’AFDL ? Beaucoup de twittos le pensent et ne tardent pas à interpeller le frère du président Joseph Kabila sur Twitter. D’autant qu’"enrôler les enfants dans une armée ou une milice est un crime de guerre", lui rappelle Michael Tshibangu, président de l’Association pour le développement et la démocratie au Congo, basée au Royaume-Uni.

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Premier condamné de la Cour pénale internationale (CPI), Thomas Lubanga, un chef milicien de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC, a en effet écopé d’une peine de 14 ans de prison après avoir été reconnu coupable d’enrôlement d’enfants.

>> Lire aussi : Le jour où un simple "kadogo" a tué Laurent-Désiré Kabila

Zoé Kabila a-t-il donc commis une maladresse en rendant cet hommage aux "kadogo" ? La polémique commence à enfler sur Twitter. Premier réflexe : l’intéressé choisit de supprimer le tweet controversé. Trop tard. Le réseau social s’est déjà emballé. Des captures d’écran du message effacé circulent, le débat est lancé.

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"Kadogo", enfants soldats ou soldats de l’AFDL ?

Certains internautes estiment qu’il s’agit d’un "mépris", voire d’un aveu de culpabilité, considérant qu’avec ce tweet, Zoé Kabila reconnaît publiquement que la rébellion de Kabila père avait bel et bien recruté des enfants dans ses rangs.

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Mais d’autres tentent de défendre Zoé Kabila, soutenant notamment que "kadogo" – littéralement "petit" en swahili – ne voudrait pas forcément dire "enfant soldat". De leur avis, le terme désignait à l’époque tous les militaires de l’AFDL, sans distinction d’âge.

Des prises de position qui ont visiblement poussé Zoé Kabila à republier le même tweet supprimé près de deux heures plus tôt, le faisant suivre cette fois-ci d’un autre expliquant ce qu’il entendait lui par "kadogo". À l’en croire, il voulait rendre hommage à la jeunesse qui avait rejoint l’AFDL et non aux enfants soldats…

Explication suffisante pour convaincre ses détracteurs ? En tout cas, Zoé Kabila s’est arrêté, pour l’instant, à ces deux tweets pour tenter de mettre fin à la polémique. Un débat 2.0 que le Premier ministre Matata Ponyo a évité en se contentant de son côté de saluer uniquement la mémoire de Laurent-Désiré Kabila sur Twitter. "Un homme exceptionnel", a-t-il écrit sur le réseau social de micro-blogging, qui est de plus en plus prisé par les personnalités politiques congolaises. Mais non sans quelques petits couacs de communication de temps à autres.

>> Lire aussi : Silence, on tweete en RDC !

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