Burundi : des milliers de personnes aux funérailles de l’opposant assassiné
De deux à trois mille personnes ont assisté dimanche à Bujumbura aux funérailles de l’opposant Zedi Feruzi, abattu la veille avec un garde du corps par des inconnus devant son domicile d’un quartier contestataire de la capitale.
Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée pour la levée du corps devant la maison du défunt dans le quartier de Ngagara, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les femmes en pleurs veillaient le corps à l’intérieur, tandis que la plupart des hommes restaient à l’extérieur de la maison de la victime -de confession islamique- et récitaient des prières musulmanes à sa mémoire.
Un cortège de plusieurs milliers de personnes s’est ensuite élancé vers 13H00 locales (11H00 GMT), accompagnant le cercueil recouvert du drapeau burundais, et portant les couleurs de l’UPD, la formation politique que dirigeait M. Feruzi.
En tête des marcheurs, quelques-uns tenaient des pancartes: "On est fatigué", "Non au troisième mandat de Nkurunziza", "Ceux qui ont tué Zedi Feruzi le paieront tôt ou tard".
Le cortège a marché pendant près d’une heure, dans le calme et la dignité. Quelques esprits se sont un moment échauffés en passant devant une permanence du parti présidentiel, le CNDD-FDD. Des policiers positionnés à proximité se sont reculés pour éviter tout incident.
Les funérailles ont eu lieu dans une mosquée du quartier industriel, où le corps a été sorti du cercueil puis mis en terre dans un linceul. A l’issue de la cérémonie, l’imam a demandé "à tous de la discipline". "Nous allons retourner à Ngagara en silence. Que personne ne dérape. Celui qui créera un incident ne sera pas avec nous", a-t-il mis en garde.
Zedi Feruzi, président de l’UPD, un petit parti d’opposition, a été abattu par balle samedi soir avec un de ses gardes du corps alors qu’il rentrait chez lui.
Les assaillants ont pu prendre la fuite, mais selon un journaliste burundais qui discutait avec la victime au moment de l’attaque et qui a lui-même été blessé, les tueurs portaient "des tenues policières de la garde présidentielle". La présidence a démenti ses accusations et s’est dite "choquée".
M. Feruzi était l’une des figures du mouvement de contestation qui secoue depuis près d’un mois de nombreux quartiers de la capitale contre le président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 et candidat à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin.
Présent aux funérailles, le vice-président du Frodebu, l’un des principaux partis d’opposition, Frédéric Bamvuginyumvira a "invité les Burundais à se lever comme un seul homme pour lutter contre ces pratiques (assassinat) qui nous ramènent à ce qui se passait il y a vingt ans" pendant la guerre civile (1993-2006).
"Le plus beau cadeau que le président Nkurunziza puisse faire au Burundi, c’est de renoncer à un troisième mandat", a-t-il souligné.
Après une trêve ce week-end, les leaders du mouvement ont appelé les manifestants à se mobiliser de nouveau lundi avec encore "plus de vigueur".
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