RDC – Tueries à Beni : évêques et élus de l’Est montent au créneau

Face à la persistance des tueries à Beni, des évêques officiant dans l’est de la RDC ont accusé ce weekend Kinshasa de « laisser pourrir la situation ». Ils ont été rejoints lundi par des élus du Kivu qui exhortent eux Barack Obama à nommer un nouvel envoyé spécial pour les Grands Lacs.

Des troupes des FARDC et de la Monusco au-dessus de la localité de Mayangos, à Beni, 12 novembre 2 © Abel Kavanagh/Monusco

Des troupes des FARDC et de la Monusco au-dessus de la localité de Mayangos, à Beni, 12 novembre 2 © Abel Kavanagh/Monusco

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Publié le 26 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Il ne passe plus un jour sans que l’on compte des morts à Beni, dans l’est de la RDC. Au moins 419 personnes ont été massacrées entre octobre 2014 et mai 2015, selon le dernier décompte macabre de la société civile locale. Une situation insupportable qui avait récemment poussé Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, à sortir de sa réserve pour dénoncer l’immobilisme de Kinshasa.

C’est désormais au tour des évêques de la partie orientale de la RDC d’emboîter le pas. Dans un message adressé le 23 mai aux fidèles, dont Jeune Afrique a pu se procurer une copie, ils accusent les autorités congolaises de "[laisser] pourrir la situation dans l’est du pays".

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L’État congolais n’a-t-il pas démissionné ?

Certaines de leurs victimes ont la gorge tranchée, les bras de nombreux enfants sont mutilés, des femmes enceintes éventrées…

"Nous avons des difficultés à comprendre les ambigüités, les tergiversations et les paradoxes de notre gouvernement", écrivent-ils, dénonçant entre autres le maintien dans l’Est "des officiers au passé chargé qui ont causé bien des torts à la population". Alors qu’au même moment, des "malfaiteurs incendient des villages en toute impunité (…), tuent brutalement avec des machettes, des couteaux ou des haches : certaines de leurs victimes ont la gorge tranchée, les bras de nombreux enfants sont mutilés, des femmes enceintes éventrées et des familles entières sont décimées", rappellent-ils, qualifiant ces actes à la fois de "génocide", de "crimes de guerre" et de "crimes contre l’humanité".

"En laissant à des individus et des groupes [armés] perturber impunément la paix, l’ordre et la sécurité, cet État (…) s’acquitte-t-il encore de ses obligations régaliennes ? Ne serait-il pas en train de démissionner tout en restant en place ? Cela ne risque-t-il pas d’être perçu comme une complicité ?" interrogent les clergés, invitant le chef de l’État, Joseph Kabila, à "prendre ses responsabilités" pour pacifier l’ensemble du pays.

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>> Lire aussi : À Beni, des manifestants déboulonnent la statue de Joseph Kabila

De leur côté, des députés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, rejoints par quelques uns de Kinshasa et du Katanga, se sont tournés vers Barack Obama. Dans une lettre ouverte publiée le 25 mai, 10 élus congolais exhortent le président américain à "procéder à la désignation d’un nouvel envoyé spécial pour la région des Grands Lacs dans le meilleur délai".

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Depuis la démission à ce poste de l’ancien sénateur américain Russ Feingold, l’administration Obama n’a toujours pas dépêché un nouvel émissaire dans la région. Les signataires rappellent alors au président américain que Russ Feingold, ex-envoyé spécial des États-Unis dans la région des Grands Lacs, avait "joué un rôle déterminant dans la défaite du Mouvement du 23-Mars (M23)", rébellion défaite fin novembre 2013 dans l’est de la RDC.

>> Lire l’intégralité de la lettre ouverte adressée à Barack Obama <<

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