Khalid Albaih : changer le monde

Ayant pour seuls armes une feuille de papier et un crayon, ils croquent, à pleine dents, les thèmes les plus tabous de la société : religion, sexe, chefs d’Etat, tout y passe ! Portraits choisis de ces dessinateurs africains qui défendent la liberté d’expression, coûte que coûte. Khalid Albaih, né de père soudanais, vit aujourd’hui au Qatar.

Autoportrait de Khalid Albaih © Khalid Albaih

Autoportrait de Khalid Albaih © Khalid Albaih

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Publié le 27 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

THAT’S ALL FOLKS © Le Hic
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Bienvenue dans le monde des caricaturistes africains

L’attentat contre leurs confrères de Charlie Hebdo en janvier a fortement ému les dessinateurs africains et rappelé à quel point la liberté d’expression pouvait être fragile, bien souvent encore coincée entre tabous, censure et autocensure.

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Le majeur qui se lève, aux couleurs de la Tunisie. Les quatre autres doigts de la main gauche repliés, aux couleurs des pays du Maghreb. Réalisée à l’heure des printemps arabes, cette image baptisée The Rest Will Follow a enflammé le web en 2011. Son auteur ? Khalid Albaih, fils de diplomate soudanais né en 1980 à Bucarest (Roumanie) et installé depuis ses 10 ans à Doha (Qatar).

Ses dessins, élégants et épurés, simples et percutants, ont accompagné les révolutions, quittant parfois le monde virtuel de sa page Facebook (Khartoon !) pour aller s’imprimer en grand sur les murs de villes en ébullition. Comme bien des enfants, Khalid Albaih a beaucoup dessiné et beaucoup lu. Des histoires de superhéros. Et des histoires de petits héros : Handala, le garçonnet palestinien créé par Naji al-Ali, compte parmi ses premières sources d’inspiration.

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"J’ai perdu mon pays à cause de la politique. Mes parents, qui ont dû s’exiler, voulaient nous tenir à distance de la politique pour nous éviter des problèmes, et nous avons grandi avec la peur d’en parler, confie-t-il. Moi, je voulais comprendre, et la caricature m’est apparue comme le meilleur moyen d’analyser et de dire, de manière simple et amusante." Employé par la Qatar Museums Authority, Albaih ne dessine pas pour vivre, se contentant d’alimenter les réseaux sociaux et vendant ses dessins à l’occasion, de gré à gré, quand les journaux lui en font la demande.

"Je ne dessine pas pour l’argent, je n’ai aucune obligation de le faire tous les jours, explique-t-il. C’est de l’art : je veux, de manière aussi simple que possible, agir sur la façon dont les gens pensent. J’ai la chance de pouvoir voir les deux côtés des choses. Je parle votre langue, je suis allé dans vos écoles… Beaucoup de gens chez vous n’ont aucune idée de qui nous sommes, c’est à eux que je veux parler, à ceux qui regardent Fox News."

Albaih dessine surtout sur le Soudan et le Moyen-Orient, les yeux ouverts sur le reste du monde. Le massacre de Charlie Hebdo ? "J’ai été très choqué. Ce que j’ai ressenti est indicible. Ils auraient pu être mes amis. Je n’étais pas forcément d’accord avec tout ce qu’ils faisaient, mais au nom de la liberté d’expression je condamne totalement ce qui s’est passé. Au fond, ce sont les musulmans dans leur ensemble qui vont en payer le prix. Nous sommes les principales victimes de ces assassins."

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Moins provocateurs que ceux de Charlie Hebdo, ses dessins "évoquent des situations qui sont censées être normales mais qui ne le sont pas". Toujours fasciné par Naji al-Ali (assassiné en 1987), conscient de la région dans laquelle il vit, Albaih a choisi une voie "moins dangereuse", mais au fond révolutionnaire : "Je ne fais pas une caricature pour faire rire, mais pour changer une situation."

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