Zimbabwe : qui a orchestré les massacres de Gukurahundi en 1983 ?
Robert Mugabe a-t-il joué un rôle clé pendant les massacres de Gukurahundi en janvier 1983 ? De nouveaux documents déclassifiés prouveraient la responsabilité du chef de l’État zimbabwéen.
Mis à jour le 28/05.
Des documents australiens déclassifiés accusent Robert Mugabe, l’actuel président zimbabwéen, d’être "l’architecte des massacres de Gukurahundi" en 1983, rapporte l’analyste politique Stuart Doran, qui se présente aussi comme "hsitorien", dans une tribune publiée sur Daily Maverick.
Après l’indépendance du Zimbabwe en avril 1980, Robert Mugabe aurait mis sur pied la 5e Brigade, une milice entraînée par des instructeurs coréens pour faire taire les opposants politiques du parti au pouvoir, la Zanu, Zimbabwe African National Union. Plus de 20 000 Ndébélés de la province de Matabeleland, bastion de l’opposition, auraient ainsi été systématiquement exécutés "sous les ordres directs" de Mugabe.
Robert Mugabe a toujours nié sa responsabilité
Mais cette version de l’histoire est loin de faire consensus. Surtout avec le principal intéressé. Robert Mugabe rejette du revers de la main la responsabilité de ces massacres. Dans une récente interview avec l’animateur sud-africain Dali Tambo, il tient pour responsables les bandits armés, coordonnés par le parti politique d’opposition Zapu, Zimbabwe African People’s Union, et quelques soldats de la 5e Brigade (voir l’extrait dans cette vidéo à 40:30), tel que rapporté par The Guardian.
En 1999, il a qualifié Gukurahundi de "moment de folie" lors de la mort de Joshua Nkomo, homme politique ndébélé et fondateur du parti Zapu. Une déclaration ambivalente qu’il n’a jamais répétée par la suite.
De plus, son vice-président Phelekezela Mphoko a déclaré à la mi-mai qu’il s’agit d’une conspiration de l’Occident destinée à déstabiliser le Zimbabwe qui avait obtenu son indépendance trois ans plus tôt, selon le Zimbabwe Daily.
L’information rapportée par l’historien australien et auteur Stuart Doran fera l’objet d’un livre, intitulé Kingdom, Power, Glory : Mugabe, Zanu and the quest for supremacy, 1960-1987 et basé sur des milliers de câbles diplomatiques de la Haute commission australienne. Il entend bien prouver la responsabilité directe de Robert Mugabe. Mais ce dernier parle d’une page d’histoire qu’il préfère oublier.
>> Pour aller plus loin : Kadhafi, Obiang, Mugabe… ces présidents de l’Union africaine qui font polémique
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