Pour Standard & Poor’s, l’Afrique va souffrir du ralentissement de la croissance chinoise

Le ralentissement de l’économie chinoise est un risque pour l’Afrique, souligne l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) dans une étude publiée le 21 mai. Une conséquence de la dépendance accrue du continent au géant asiatique depuis dix ans. 

Publié le 29 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

En 15 ans, la Chine est devenue le plus gros partenaire commercial de l’Afrique et le pays émergent qui investit le plus sur le continent. La demande chinoise a soutenu les exportations africaines et a alimenté l’économie du continent. La croissance des pays d’Afrique subsaharienne a bénéficié de l’accès à des biens d’équipements et de consommation chinois bon marché. L’agence de notation pointe, en conséquence, la dépendance de ces pays à la santé économique du géant asiatique.

En 2013, les 18 pays d’Afrique subsaharienne étudiés ont réalisé 23% de leurs exportations vers la Chine, selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement. La Chine est même devenue la première destination des exportations de sept pays d’Afrique subsaharienne: l’Angola, le Burkina Faso, la République du Congo, la RDC, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud et la Zambie. En 2013, près de la moitié des exportations du Congo et de l’Angola se sont dirigées vers la Chine.

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Les pays d’Afrique subsaharienne ont également bénéficié d’IDE (Investissements directs à l’étranger) et de financements chinois importants. En 2013, Les IDE chinois en Afrique ont atteint 1,6 milliards de dollars et se sont essentiellement dirigés vers les secteurs des hydrocarbures, des matières premières et des infrastructures. Le gouvernement chinois a également déclaré avoir consacré la moitié de ses aides et subventions étrangères aux pays d’Afrique subsaharienne entre 2010 et 2012.

Sur-exposition

Pour S&P, la dépendance voire la surexposition de l’Afrique à la Chine sont d’autant plus risquées que l’économie chinoise ralentit. L’agence de notation prévoit pour le pays une croissance annuelle moyenne de 6,7% pour 2015-2018, contre 8,5% en 2010/2014.

Ce ralentissement est en partie responsable de la baisse des prix des matières premières. L’agence de notation estime qu’il va peser sur les recettes fiscales et sur la croissance des pays d’Afrique subsaharienne qui auront plus de mal à rembourser les prêts massivement accordés par les banques chinoises. S&P évoque l’exemple du Nigeria, de l’Angola, du Gabon et du Congo Brazzaville, dont les recettes dépendent fortement de leurs exportations de pétrole et qui ont vu leur note souveraine dégradée par l’agence américaine au premier trimestre 2015.

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Capacité de remboursement

Selon l’agence de notation, ces banques chinoises ont eu une politique laxiste d’octroi de crédit, qui s’est appuyée sur 3 facteurs: l’accès aux matières premières, le soutien aux entreprises chinoises et l’extension de l’influence chinoise. Pour S&P, ces banques ont donc eu tendance à privilégier ces facteurs géopolitiques au détriment des risques financiers.

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S&P pointe également l’aspect court-termiste des relations économiques qui négligent parfois l’impact environnemental, les transferts de technologie ou la création d’emplois. Pourtant, l’agence de notation estime qu’à moyen terme, les relations sino-africaines vont s’approfondir. La Chine change progressivement d’approche pour investir, en développant des financements multilatéraux, avec notamment la Banque Asiatique d’investissement pour les infrastructures, destinés à concurrencer la Banque mondiale, ou la Nouvelle banque de développement, créée par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

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