En s’alliant à Safaricom, le kényan CBA fait exploser les compteurs
Cette banque de niche est devenue le premier établissement du pays, grâce à la plateforme mobile d’épargne et de crédit M-Shwari. Mais la concurrence fourbit ses armes.
Finance : Ecobank face à son avenir
Un peu plus d’un an après la crise qui l’a ébranlé, le groupe panafricain renoue avec les performances. Mais il doit encore régler plusieurs problèmes pour se développer sereinement, notamment celui de sa gouvernance.
Du Kenya, laboratoire avancé du mobile banking, on connaissait le service de paiement M-Pesa, de l’opérateur Safaricom. Mais certaines banques aussi ont su surfer sur la vague, telle Commercial Bank of Africa (CBA). Grâce à sa plateforme mobile d’épargne et de crédit M-Shwari, lancée fin 2012 en partenariat avec Safaricom, CBA est aujourd’hui la première banque kényane par le nombre de clients. Début mars, la barre des 10 millions a été franchie, devant Equity Bank (9,7 millions) et Kenya Commercial Bank (KCB, 4,1 millions). De quoi « conforter la position de CBA comme leader de sa catégorie », selon Isaac Awuondo, son directeur général.
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« Ce chiffrage repose cependant sur une définition très extensive de la clientèle. Car si M-Shwari propose des solutions financières fournies par CBA, c’est avant tout un produit M-Pesa », tempère un analyste de la banque African Alliance, à Kigali. L’engouement n’en demeure pas moins spectaculaire. Avant le lancement de M-Shwari, CBA ne comptait que 45 000 clients… « C’est une révolution pour la banque, passée en quelques années du statut de d’établissement de niche à celui de banque populaire », décrypte Jared Getenga, président de l’Association des fournisseurs de crédit kényans. En 2014, CBA a récidivé en Tanzanie en lançant M-Pawa, avec l’opérateur Vodacom. Entre 2011 et 2013, le bénéfice net du groupe est passé de 13,8 à 29,1 millions d’euros. Et le total de bilan, de 780 millions à 1,2 milliard d’euros.
Déclic
A priori, pourtant, « réussir le pari de la banque mobile pour tous n’allait pas de soi pour l’établissement, jusque-là confiné à une clientèle d’affaires », rappelle l’analyste d’African Alliance. Le déclic a lieu au début de la décennie. Constatant la faiblesse du taux de bancarisation (moins de 10 % de la population) et la forte croissance des paiements par téléphone mobile, la banque décide de s’allier à Safaricom. L’opérateur se voit fournir une offre de microépargne et de microcrédit qui vient compléter son service de transfert d’argent, tandis que CBA accède d’un seul coup à tous les utilisateurs de M-Pesa, soit 80 % de la population adulte kényane.
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Le succès est là : 1 million de clients quarante jours après le lancement, 3 millions après cinq mois de commercialisation. Aujourd’hui, 50 000 demandes de crédit sont traitées chaque jour, pour un portefeuille de prêts de 285 millions d’euros. Et les créances douteuses ne dépassent pas 3 %, contre 5 % en moyenne pour les banques commerciales kényanes. CBA prépare le coup d’après et prévoit de nouvelles succursales au Burundi, au Rwanda, au Malawi et au Botswana. L’établissement a levé à cet effet 66 millions d’euros sur le marché obligataire en janvier.
Banques et opérateurs : qui mangera qui ?
Le succès de M-Shwari illustre l’intérêt des banques à travailler avec les opérateurs de télécoms. Profitant de la fin de l’exclusivité de l’accord entre CBA et Safaricom, KCB a lancé avec l’opérateur KCB-M-Pesa, une offre concurrente. D’autres initiatives similaires devraient suivre. En 2014, Equity Bank est allée encore plus loin en décrochant une licence d’opérateur mobile virtuel. Lancée sous la marque Equitel, sa plateforme mobile compte plus de 400 000 abonnés. De leur côté, les opérateurs téléphoniques songent à se passer de l’expertise financière des partenaires bancaires. Ainsi en 2013, au Zimbabwe, l’opérateur Econet Wireless a repris Steward Bank.
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