L’UE et l’immigration : solidarité bien ordonnée…

Face aux drames de l’immigration en Méditerranée, la Commission de Bruxelles a réparti l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés entre les différents États membres.

Une embarcation de migrants clandestins au large de l’Italie. © AFP

Une embarcation de migrants clandestins au large de l’Italie. © AFP

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 3 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Étrillée pour son égoïsme et sa politique migratoire mortifère après la multiplication des naufrages en Méditerranée (plus de 1 700 morts depuis le début de l’année), l’Union européenne se devait de réagir. La Commission de Bruxelles, présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a donc dévoilé, le 27 mai, les contours de son plan visant à obliger les États membres à accueillir, d’ici à deux ans, 40 000 demandeurs d’asile ayant accosté sur les rivages d’Italie et de Grèce, ainsi que 20 000 réfugiés installés dans des camps libanais et jordaniens du HCR.

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Il s’agit de soulager en priorité les États membres (Italie et Grèce) les plus touchés par la vague migratoire, ainsi que les voisins de la Syrie, confrontés à un afflux gigantesque de réfugiés. Les pays se partageront le "fardeau" selon une clé de répartition fondée sur quatre critères : la population, le PIB, le taux de chômage et le nombre de réfugiés déjà accueillis. Pour éviter de créer un appel d’air et de donner de faux espoirs, seules deux nationalités de demandeurs sont concernées, les Syriens et les Érythréens, dont le pays est l’une des dictatures les plus féroces de la planète.

Où iront les migrants? 40 000 demandeurs d’asile syriens et érythréens arrivés en Italie et en Grèce seront répartis dans l’UE d’ici à deux ans, ainsi que 20 000 réfugiés. © Source: Commission européenne.

RÉTICENCES. L’effort européen, réel, reste assez modeste, dans la mesure où 4 millions de personnes ont fui le chaos syrien. L’Italie, de son côté, a accueilli 167 000 migrants en détresse en 2014. Certains membres restent très réticents, comme les pays d’Europe de l’Est, les pays Baltes mais aussi la France – "solidaire" mais dont le Premier ministre, Manuel Valls, ne veut pas entendre parler de "quotas" – et l’Espagne, frappée par un taux de chômage de 22,6 %. D’autres, comme le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande, ont fait jouer les clauses dérogatoires des accords les liant à l’UE pour se soustraire partiellement à leur devoir de solidarité.

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La partie n’est donc pas encore gagnée pour la Commission. Néanmoins, ce plan, volontiers mis en avant, n’est que le pendant humanitaire d’une action "militaire", l’opération Eunavfor Med, lancée le 18 mai. Les pays de l’UE veulent neutraliser les passeurs, au besoin en procédant à un blocus des côtes libyennes et en détruisant leurs embarcations (à vide). Et attendent pour cela le feu vert de l’ONU…

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