Argentine : avec Omar Obaca, votez noir !

Un faux candidat prétendant s’appeler Omar Obaca s’est lancé dans la course à la présidentielle d’octobre 2015 avec un programme hautement farfelu. Blague ? Bien sûr, mais surtout astucieuse opération publicitaire.

Buenos Aires, 10 avril 2014 lors de manifestations contre l’inflation. © Daniel Garcia/AFP

Buenos Aires, 10 avril 2014 lors de manifestations contre l’inflation. © Daniel Garcia/AFP

Publié le 2 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

"Pourquoi ne pas faire confiance à un nouveau visage en politique ? Un visage noir ?" Sur l’une des nombreuses vidéos qui l’ont rendu extrêmement populaire, Omar Obaca, tout sourire, feint de s’interroger. Il claironne son ambition de devenir au mois d’octobre prochain le premier président noir de l’histoire de l’Argentine, mais personne n’est dupe.

Et surtout pas lui. Conséquence de l’immigration européenne massive au XIXe siècle, les Noirs représentent moins de 2 % de la population locale… "Omar Obaca" – Marcos Martínez de son vrai nom – est un sympathique humoriste africain-argentin.

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S’il parodie la campagne électorale de Barack Obama, c’est pour faire la promotion de FWTV, la première chaîne de web TV d’Amérique latine, créée par deux Argentins qui ont mené leur opération de main de maître en cette année électorale : toute la ville est recouverte d’affiches "Obaca 2015" et de slogans "Votez noir !". Le faux candidat jure avoir travaillé comme serveur au Massachusetts Institute of Technology et y avoir rencontré Obama à l’époque où il était étudiant.

"Je travaillais à la cafétéria, on parlait d’économie et de filles. Je lui ai même présenté Michelle", rigole-t-il. Bien sûr, son programme électoral est volontairement loufoque. C’est même la principale raison de son succès médiatique : 4 millions de vues pour ses spots de campagne. Comment combattre le trafic de drogue et l’insécurité ? "Un professeur, promet-il, gagnera le double ou le triple de ce que gagne un narcotrafiquant.

Et tout le monde devra porter un uniforme de policier, comme ça, les délinquants n’oseront plus voler." Le problème de la dette ? Il suggère de rembourser les Chinois avec des bonbons. Celui de la multiplication des divorces ? Il suffit, estime-t-il, de mettre une date de péremption sur les contrats de mariage.

"Plus l’échéance approchera, croit-il savoir, plus vous voudrez raviver la flamme de l’amour !" Le candidat factice va jusqu’à proposer de mettre le feu à la Casa Rosada, la résidence présidentielle, afin de redistribuer aux Argentins le montant de la prime d’assurance. Ou de contraindre Lionel Messi et Carlos Tévez, stars argentines du foot européen, de revenir jouer au pays.

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"Winner". Lors des primaires pour les municipales à Buenos Aires, fin avril, des électeurs ont, en guise de soutien, glissé dans l’urne un bulletin noir. "On dit que je suis noir, c’est peut-être parce que je n’accepte pas les chèques en blanc", glousse l’humoriste, qui multiplie les jeux de mots pour dénoncer la crise économique.

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"Nous allons contrôler le peso black", menace-t-il, pour se moquer de l’interdiction faite par Cristina Kirchner aux Argentins de changer en dollars américains leurs économies en pesos. À la fin de ses vidéos, il parodie le V de la victoire des péronistes en dessinant avec ses doigts un W. Celui de winner. 

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