Nigeria : Buhari veut lutter contre Boko Haram et relever tous les « défis »

Investi vendredi, le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari s’est aussitôt engagé à relever les « énormes défis » qu’affronte le Nigeria, au premier rang desquels la rébellion islamiste de Boko Haram.     

Un homme vend le 28 mai 2015 dans les rues d’Abuja une photo de Buhari. © AFP

Un homme vend le 28 mai 2015 dans les rues d’Abuja une photo de Buhari. © AFP

Publié le 30 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

Le Nigeria affronte des "défis énormes", a-t-il lancé à la foule et aux dignitaires venus assister à sa cérémonie d’investiture à Abuja: "nous allons les prendre à bras le corps, les Nigérians ne vont pas regretter de nous avoir confié cette responsabilité".

Priorité du nouveau président, qui incarne la première alternance politique pacifique depuis la fin des régimes militaires en 1999: l’islamisme de Boko Haram qui a fait plus de 15.000 morts depuis 2009 dans le nord du pays.

"Boko Haram est un groupe de gens fous et sans Dieu, qui sont aussi éloignés de l’islam qu’on peut l’imaginer", a lancé Muhammadu Buhari, un musulman du nord du pays, dans son discours d’investiture dans la capitale fédérale.

Le nouveau président a notamment indiqué qu’il mettrait en place un nouveau centre de commandement militaire à Maiduguri, la grande ville du nord-est, jugeant que "la victoire ne peut pas être atteinte depuis un centre de commandement à Abuja", dans le centre du pays.

Tout faire pour libérer les otages

Il a aussi promis de faire tout son possible pour libérer les milliers d’otages enlevés par les insurgés de Boko Haram, parmi lesquelles les 219 lycéennes kidnappées en avril 2014 à Chibok (nord-est).

La délicate situation économique du Nigeria, qui a ravi en 21014 le titre de première puissance économique de l’Afrique, figure également parmi les défis à relever pour le nouvau président.

Muhammadu Buhari a notamment également qualifié de "honte nationale" le niveau de production d’électricité du premier producteur pétrolier d’Afrique, dont les habitants subissent des coupures de courant récurrentes pouvant durer plusieurs jours. "Nous ne permettrons pas que cela continue", a-t-il assuré.

Après le scrutin présidentiel du 28 mars qui a vu pour la première fois la victoire d’un opposant sur un président sortant, Muhammadu Buhari a souligné que son administration était portée par ce moment d’"euphorie et de grandes espérances". "Nous avons une chance, saisissons-la", a-t-il conclu.

Euphorie partagée

Dans la foule d’Eagle Square où se déroulait la cérémonie, l’euphorie était partagée. "Les gens sont heureux, tous les Nigérians ont des espérances fantastiques", explique à l’AFP Chambers Okorie.

"Buhari sera le président de tous les Nigérians", espère cet homme d’affaires de 42 ans qui confesse n’avoir pas voté pour Buhari à la présidentielle.

"Je suis très heureuse, je suis veuve et j’ai beaucoup souffert", explique Remi Odi, une fonctionnaire à la retraite. "Je veux du changement, Je suis chrétienne, mais la religion n’importe pas. J’ai voté Buhari plusieurs fois, parce que quand il était chef d’Etat la sécurité était assurée dans le pays", poursuit-elle.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en décembre 1983, Muhammadu Buhari en avait été chassé vingt mois plus tard par un autre coup d’Etat. Après des années de retraite politique, il avait essuyé trois échecs électoraux avant de finalement l’emporter le 28 mars.

Un "démocrate converti"

Ironie de l’histoire, Muhammadu Buhari, 72 ans, a eu l’occasion lors de la cérémonie de serrer la main du président qu’il avait déposé en 1983, Shehu Shagari, ainsi que celle du général Ibrahim Babangida qui l’avait évincé du pouvoir en 1985.

Le nouveau président se décrit lui-même comme un "démocrate converti" et s’est engagé à diriger une administration au service des 173 millions de Nigérians en laminant le fléau de la corruption.

Pour les analystes, sa première tâche pourrait être bien plutôt de répondre aux attentes d’une population qui se bat depuis des décennies avec des infrastructures pitoyables, un chômage écrasant et des violences endémiques.

Bien que le Nigeria soit le premier producteur de pétrole du continent, avec 70% de ses recettes provenant des ventes de brut, la chute des cours et une pénurie de carburant sans précédent ont quasiment paralysé le pays. L’Etat ne verse plus de salaires à des milliers de fonctionnaires, tandis que la monnaie locale, le naira, a atteint un plancher historique.

M. Buhari a gagné un large soutien des électeurs grâce à ses positions très fermes contre la corruption. Cependant, pour maintenir sa fragile coalition, il pourrait bien avoir à travailler avec des hommes politiques au passé pas tout à fait irréprochable.

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