Viols en Centrafrique : l’enquête de l’armée française va être déclassifiée
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a donné son feu vert à la déclassification de l’enquête interne de l’armée sur les accusations de viols d’enfants par des militaires français en Centrafrique. Le rapport va être transmis au parquet de Paris, chargé de l’enquête, qui a annoncé le 7 mai l’ouverture d’une information judiciaire.
C’est une étape importante pour que toute la lumière soit faite dans l’enquête sur les soupçons de viols d’enfants pesants sur des soldats français engagés en Centrafrique. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a donné son feu vert à la déclassification de l’enquête interne de l’armée sur les accusations de viols d’enfants par des militaires français en Centrafrique, rapporte l’AFP mercredi 3 juin.
"Le ministre a répondu favorablement à la demande de la justice" après "avis favorable" de la commission consultative du secret de la défense nationale, précise-t-on au ministère de la Défense.
>> À lire : la Centrafrique va engager des poursuites contre les militaires français accusés
Il y a une semaine, les cinq membres de cette commission avaient ouvert la voie à la déclassification du rapport de commandement de l’armée réalisée en aout 2014, à la suite d’un rapport confidentiel de l’ONU mettant en cause des soldats français en Centrafrique. Le rapport va être transmis au parquet de Paris, chargé de l’enquête, et qui a annoncé le 7 mai l’ouverture d’une information judiciaire.
Selon une source judiciaire, quatorze militaires français ont été mis en cause, dont trois sont identifiés, par les témoignages de six enfants de 9 à 13 ans dénonçant des faits commis entre fin 2013 et fin mai-début juin 2014, au début de l’opération française Sangaris en Centrafrique. Des enquêteurs de la gendarmerie prévôtale et de la section de recherches de la gendarmerie de Paris se sont déplacés à Bangui début août 2014. "Ils ont procédé à un certain nombre de vérifications", selon le parquet, mais aucun enfant ni aucun militaire mis en cause n’ont été entendus. De son côté, la justice centrafricaine a également ouverte une enquête.
Sentiments anti-Français
Sur le terrain, l’affaire complique le travail de la force Sangaris. "Les autorités françaises ne le disent pas, mais elles le savent : depuis que ces soupçons ont été rendus publics, le sentiment anti-Français est devenu à Bangui un phénomène préoccupant." Pour la personnalité centrafricaine auteur de cette confidence et qui figure parmi les principaux candidats à l’élection présidentielle prévue pour la fin de cette année, l’implication de militaires de l’opération Sangaris dans des abus sexuels contre des mineurs n’a surpris personne. "Cela se disait depuis longtemps, tout comme il se répète, depuis la mort de trois soldats français dans l’effondrement d’une mine d’or non loin de Bambari, début 2014, qu’une petite minorité s’est parfois livrée à quelques activités illicites."
Il n’est ainsi pas rare d’entendre des politiciens locaux affirmer – sans preuves – que tel ou tel sous-officier français aurait échangé des munitions contre des diamants avec des chefs de l’ex-Séléka, au début de l’opération Sangaris. Ce climat délétère explique en partie pourquoi, lors du forum de réconciliation de Bangui, début mai, beaucoup d’interventions en sango (langue nationale au côté du français) se sont résumées à une mise en accusation de l’ex-puissance coloniale, rendue responsable de tous les malheurs de la Centrafrique depuis l’accident d’avion qui coûta la vie au père de l’indépendance, Barthélémy Boganda, en 1959. Ainsi que l’empressement de Paris à réduire la voilure de son contingent, dès que la présidentielle se sera déroulée.
(Avec AFP)
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