L’opposant gambien Sheikh Sidia Bayo se déclare candidat à la présidentielle de 2016
Expulsé en janvier du Sénégal après la tentative de coup d’État manqué à Banjul contre Yahya Jammeh, le jeune opposant gambien Sheikh Sidia Bayo a annoncé mardi matin, à Paris, qu’il se portait candidat à la présidentielle de novembre 2016. Reste maintenant à concrétiser les paroles en actes.
Sheikh Sidia Bayo ne renonce pas. Et croit dur comme fer en ses chances, même si celles-ci semblent, pour le moment, très faibles. L’opposant gambien de 35 ans, président du Conseil national de transition pour la Gambie (CNTG), a annoncé mardi 2 juin à Paris, lors d’une conférence de presse, qu’il se portait candidat à l’élection présidentielle prévue en novembre 2016.
Dans un pays dirigé d’une main de fer par Yahya Jammeh depuis 1996, où aucune opposition n’a droit de cité, cette annonce à distance peut prêter à sourire. Sheikh Sidia Bayo, lui, estime que le temps de "l’alternance démocratique" est venu, comme le souligne son slogan de campagne : "Waato Seeta" ("Il est l’heure", en mandingue). "Le défi peut paraître utopique pour certains d’entre vous, et pourtant, le changement est devenu inéluctable à Banjul, tant le président Yahya Jammeh a fait sombrer la Gambie dans une situation détestable (…) J’ai décidé de rentrer en Gambie pour y défendre ma candidature et apporter à mon peuple une vraie alternance."
>> Lire aussi Gambie : qui est l’opposant Sheikh Sidia Bayo, arrêté au Sénégal ?
Se pose alors l’inévitable question pour ce Franco-Gambien, qui s’est rendu pour la dernière fois dans son pays d’origine en 2012 : comment rentrer en Gambie sans prendre le risque d’être arrêté lorsqu’on est un opposant reconnu au régime Jammeh ? Dans une vidéo diffusée sur Youtube le 29 décembre dernier, veille de la tentative du coup d’État manqué contre le maître de Banjul, Sheikh Sidia Bayo avait appelé ses compatriotes et l’armée à se soulever contre leur président. Un appel qui lui avait valu son expulsion de Dakar, où il était jusque-là exilé, par des autorités sénégalaises l’accusant de ne pas avoir respecté son devoir de réserve.
"Je n’ai pas peur de Yahya Jammeh"
Face à ce problème de taille, l’opposant demande donc le placement de la prochaine présidentielle gambienne sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, afin de garantir un processus électoral équitable, crédible et transparent. Ce chapitre comporte toute une série d’actions – y compris armées, si les mesures dissuasives ne suffisent pas – qui seraient décidées par le Conseil de sécurité de l’ONU "en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression". Convaincu que cette démarche peut aboutir, Sheikh Sidia Bayo a affirmé s’être récemment rendu à deux reprises au Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, à Genève, pour plaider sa cause. Il a aussi indiqué avoir sollicité l’envoi d’une mission d’observation onusienne en Gambie auprès de Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU.
Concernant ses moyens financiers, l’adversaire de Yahya Jammeh a déclaré avoir des relations avec différentes personnes dans la sous-région qui pourraient soutenir son projet. Il a conclu son intervention en affirmant qu’il n’avait "pas peur" du président et qu’il rentrerait en Gambie quoi qu’il arrive, "par un moyen qui le surprendra".
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