Burundi : tirs soutenus à Bujumbura, la mobilisation ne faiblit pas

De plus en plus isolé, Pierre Nkurunziza fait chaque jour face à une mobilisation populaire qui ne faiblit pas.

Un manifestant lance une pierre en direction de membres de la jeunesse du parti au pouvoir, à Bujum © Carl de Souza/AFP

Un manifestant lance une pierre en direction de membres de la jeunesse du parti au pouvoir, à Bujum © Carl de Souza/AFP

Publié le 29 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

Alors que les élections législatives et communales du 5 juin se rapprochent, la mobilisation contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza ne faiblit pas. Comme chaque jour depuis le début de la contestation fin avril, les manifestations ont repris vendredi matin à Bujumbura, toujours sous les tirs de la police et après une nuit ponctuée de nombreuses rafales d’armes automatiques.

Ces évènements ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la capitale, habituels hauts lieux de la contestation populaire. À Musaga, Cibitoke, Bwiza, la police a tenté de disperser les manifestants qui voulaient préparer leurs rassemblements dès la veille, selon des habitants. Un véhicule privé a été incendié pendant la nuit à Bwiza.

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Les policiers tirent en direction des manifestants

Vendredi matin, la police était de nouveau déployée en force dans ces quartiers. À Cibitoke, les policiers ratissaient les ruelles. À chaque carrefour, les policiers ouvraient le feu dès qu’un manifestant était en vue, tirant en l’air mais parfois aussi dans leur direction. Des militaires participaient aux opérations et faisaient également des tirs de sommation.

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Des policiers sont par ailleurs intervenus en nombre et sans ménagement à Nyakabiga pour disperser environ 200 jeunes regroupés sur l’avenue principale. Là aussi, de nombreux tirs de sommation ont eu lieu. À Musaga, des protestataires essayaient de se rassembler dans les ruelles du quartier, alors que les policiers occupaient l’avenue principale et faisaient feu en leur direction pour les effrayer.

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Aucun bilan de ces dernières violences n’était disponible vendredi à la mi-journée. Mais sur la place, la tension ne retombe pas. En début d’après-midi, une grenade, jetée par des inconnus, a explosé en plein centre-ville, sans faire de victime.

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Une trentaine de personnes tuées

En un mois de contestation populaire, plus d’une trentaine de personnes ont été tuées. Les manifestations dans les rues de Bujumbura sont émaillées de nombreux affrontements avec la police. Jusqu’ici concentrées dans la capitale, des rassemblements ont également été signalées en province, avec là aussi une sévère répression policière.

Vendredi, trois personnes avaient été tués dans l’explosion de grenades jetées dans la foule en plein centre de la capitale. Le lendemain, le leader d’un petit parti d’opposition et figure des anti-troisième mandat avait été abattu avec son garde du corps par des inconnus.

Des élections législatives et communales, déjà repoussées de dix jours sous la pression de la communauté internationale, sont prévues le 5 juin. Elles seront suivies du scrutin présidentiel le 26 juin, puis des sénatoriales le 17 juillet.

L’Église catholique se retire

L’Église catholique a annoncé son retrait du processus électoral et l’UE a suspendu sa mission d’observation, jugeant que les conditions actuelles ne permettent pas la tenue d’élections crédibles, alors que le pays connait une atmosphère de peur et d’intimidation généralisée.

Les chefs d’État des pays d’Afrique de l’Est doivent se retrouver dimanche à Dar es Salam pour tenter de trouver une issue à la crise. Une première rencontre le 13 mai, déjà à Dar es Salaam, avait été bouleversée par une tentative de coup d’État contre le président Nkurunziza, présent au sommet. Son retour au Burundi avait permis de faire échouer le putsch, mais pas d’étouffer la fronde dans les rues. On ignore pour le moment s’il se rendra à Dar es Salam, ou qui y représentera le Burundi.

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(Avec AFP)

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Le président burundais, Pierre Nkurunziza, après l’échec du putsch, le 17 mai 2015 à Bujumbura. © Jerome Delay/AP/SIPA

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