Jean-Louis Borloo : « En matière de climat, l’Afrique est la chance de l’humanité »

Grand invité de l’économie de RFI et de Jeune Afrique, l’ancien ministre français Jean-Louis Borloo expose son grand projet : mobiliser les chefs d’Etat pour financer l’électrification du continent d’ici à une dizaine d’années.

Jean-Louis Borloo souhaite la création d’une agence africaine de l’électrification. © Bruno Levy-JA

Jean-Louis Borloo souhaite la création d’une agence africaine de l’électrification. © Bruno Levy-JA

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  • Frédéric Maury

    Frédéric Maury est directeur éditorial à Jeune Afrique Media Group. Auparavant rédacteur en chef du pôle économie de Jeune Afrique, il pilote les programmes et contenus éditoriaux du pôle conférences, notamment ceux du Africa CEO Forum.

Publié le 6 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Sensibilisé à la question de la déforestation dans le bassin du Congo et de l’assèchement du lac Tchad lorsqu’il était ministre français de l’Ecologie (2007-2010), Jean- Louis Borloo a depuis travaillé sur la ques- tion du climat et de l’énergie de Casablanca à Maputo. Aujourd’hui retiré de la vie politique, il consacre la totalité de son temps au continent. Objectif : l’aider à faire passer son taux d’électrification de 30 % à « au moins 80 % » d’ici à une dizaine d’années grâce à un véritable plan Marshall.

Drame énergétique

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« Actuellement, environ un tiers des Africains ont accès à l’énergie et la situation ne s’améliore pas. L’accroissement de la population – multipliée par cinq depuis 1950 – reste supérieur à l’augmentation de la capacité électrique. Cette situation n’est pas tenable, le continent est coupé en deux. Soit on lui donne un solide coup de main pour qu’il s’électrifie, soit il sera confronté à  un risque majeur de déstabilisation. »

Une agence de l’électrification

« La fondation Energies pour l’Afrique [qu’il a mise sur pied en mars] est un lieu de dialogue, de confiance qui n’a pas vocation à perdurer en tant qu’outil. Les chefs d’Etat du continent doivent créer une agence africaine spécialisée de haut niveau, au service de tous les projets et de tous les pays, dirigée par une équipe locale. Il y a toutes les cométences pour cela. Il faut sortir de cette conception d’aide au développement, où l’Europe décide avec l’Afrique. »

Ecoutez l’intégralité de l’interview de Jean-Louis Borloo :

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Manque de subventions

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« Partout dans le monde, l’électrification massive ne peut se réaliser sans des subventions. L’Afrique ne pourra pas s’équiper uniquement grâce à  des financements privés et à  des emprunts. J’entends que les projets africains ne sont pas bancables. Mais c’est la même chose lorsque vous construisez le tramway de Paris ! »

Inga voué à l’échec ?

« Le barrage hydroélectrique d’Inga, en RD Congo, doit être considéré comme un bien public continental. On essaye de rendre ce projet viable en demandant à l’Afrique du Sud, le pays le mieux équipé dans le secteur de l’électricité, de garantir l’achat de l’énergie qui y sera produite. Mais il faut mettre sur la table les subventions gratuites (25 % des financements requis). »

Economie verte

« L’Afrique sera le premier continent “durable” de l’histoire récente de l’humanité, ce qui suppose des émissions de CO2 de moins de 2 tonnes par an et par habitant. Alors que les E‰tats-Unis sont à 22 t, l’Europe à 11, la France à 6, l’Afrique émet entre 150 et 200 kg et sa forêt en absorbe encore davantage. Le fossé énergétique y sera comblé essentiellement par les énergies renouvelables. Et l’Afrique pourrait rapidement rattraper son retard à condition qu’elle utilise les bonnes méthodes et qu’elle prenne les bonnes décisions. La chance de l’humanité en matière de climat, c’est l’Afrique. »

Propos recueillis par Frédéric Maury (J.A.) et Jean-Pierre Boris (RFI)

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