Corruption à la Fifa : le Maroc privé de Mondial en 2010, la Russie et le Qatar en 2018 et 2022 ?

Dans son édition de dimanche, le journal britannique Sunday Times affirme que le vote pour l’attribution de la Coupe du monde 2010 a été truqué et que le Maroc aurait dû organiser le tournoi à la place de l’Afrique du Sud.

L’ancien vice-président de la Fifa le Trinidadien Jack Warner, dans son bureau, le 6 juin 2015. © AFP

L’ancien vice-président de la Fifa le Trinidadien Jack Warner, dans son bureau, le 6 juin 2015. © AFP

Publié le 8 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Le Sunday Times dit détenir, dans son édition du dimanche 7 juin, un enregistrement audio d’Ismail Bhamjee, ancien membre botswanais du comité exécutif de la Fifa, dans lequel il affirme que le vote pour l’attribution de la Coupe du monde 2010 aurait été remporté par le Maroc et non l’Afrique du Sud. Ce document audio, enregistré en 2009, aurait été transmis par le journal britannique à la Fifa, qui n’a jamais donné suite.

Comme le précise le quotidien sportif français L’Équipe, les supposées révélations d’Ismail Bhamjee sont toutefois à prendre au conditionnel, "le Botswanais ayant lui-même été banni de l’instance internationale après avoir revendu pour trois fois leur prix des billets lors de la Coupe du monde en Allemagne, en 2006".

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À ces révélations s’ajoutent les accusations de chantage au vote lancées par l’ancien ministre des Sports égyptien contre Jack Warner, ancien vice-président de la Fifa, au sujet du Mondial 2010. "Il pouvait nous assurer sept votes et il demandait un million de dollars pour chaque vote", a déclaré Aley Eddine Helal, dont le pays était aussi candidat à l’organisation de la Coupe du monde, au sujet du Trinidadien qui dirigeait alors la Concacaf, la confédération d’Amérique du nord, centrale et des Caraïbes. "Mais notre décision a été de ne pas tomber là-dedans", a assuré l’ancien ministre. Résultat du vote, en 2004 : zéro voix pour l’Égypte, et le Mondial attribué à l’Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud dans l’oeil du cyclone

La Nation Arc-en-ciel est plus que jamais au coeur du scandale au sein de la Fifa qui a participé à la démission surprise de son président, Sepp Blatter, mardi, quatre jours à peine après sa réélection à un cinquième mandat. En 2008, ce sont en effet 10 millions de dollars qui atterrissent sur les comptes de la Concacaf, gérés par Jack Warner. 10 millions transférés par la Fifa, à partir de fonds destinés à l’Afrique du Sud pour son Mondial, et finalement déroutés pour un programme d’aide à la diaspora africaine dans les Caraïbes.

"Nous nions catégoriquement que (ces 10 millions de dollars) aient été un port-de-vin en échange d’un vote" pour que l’Afrique du Sud obtienne le Mondial 2010, a rétorqué la Fédération sud-africaine de football via un communiqué : "Cela passe sous silence le travail mené par Madiba (Nelson Mandela), l’archevêque (Desmond) Tutu, le gouvernement sud-africain et beaucoup d’autres qui ont sacrifié leur temps, leur argent et leur vie de famille pour rendre fier notre pays".

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Toujours au sujet de ce virement de 10 millions de dollars, il semblerait en tout cas, selon un mail de Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa, révélé dimanche par le Sunday Times à Johannesburg, que le président sud-africain Thabo Mbeki et le président Blatter en avaient bien discuté ensemble. Dans un communiqué, la Fifa a cependant nié tout problème : Sepp Blatter a certes été tenu "informé" par le président sud-africain, mais cela ne signifie aucunement son "implication" dans ce programme qui avait été "annoncé publiquement par le gouvernement sud-africain".

La Russie et le Qatar menacés ?

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Si aucune des révélations de dimanche ne concerne les deux prochaines Coupes du monde, attribuées à la Russie en 2018 et au Qatar en 2022, la Fifa n’en a pas moins mentionné, du bout des lèvres, l’hypothèse de leur délocalisation.

"S’il existe des preuves que le Qatar et la Russie ont obtenu (ces Coupes du monde) grâce seulement à des pots-de-vin, alors elles pourraient leur être retirées", a reconnu Domenico Scala, président du Comité d’audit de la Fifa, dans un entretien à l’hebdomadaire suisse Sonntagszeitung, en multipliant les conditionnels. Avant d’ajouter aussitôt que "ces preuves n’ont pas été fournies" jusqu’à présent.

>> Lire aussi : "Les deux visages de "Tonton Blatter"

(Avec AFP)

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