Algérie : Slim Othmani à la porte de la Bourse
Depuis plus d’un an, le président de NCA Rouiba se bat pour introduire sa société sur la Place d’Alger. Mais les contraintes légales et bureaucratiques bloquent le processus.
« La réglementation algérienne sur le contrôle des changes pour les transactions internationales freine le développement économique. Surtout pour les entreprises comme la nôtre qui ont un partenaire étranger et qui veulent s’introduire en Bourse », déplore Slim Othmani, président du conseil d’administration de la Nouvelle Conserverie algérienne de Rouiba (NCA Rouiba). En effet, le fonds d’investissement AfricInvest détient 36 % du capital de la société agroalimentaire (spécialisée dans les jus de fruits), l’une des entreprises privées algériennes les plus dynamiques. Le reste est toujours aux mains des actionnaires familiaux historiques. « On serait heureux d’être en Bourse pour offrir et partager notre croissance avec les consommateurs algériens. Malheureusement, la réglementation est trop complexe pour l’instant », constate, impuissant, l’homme d’affaires de 55 ans.
À la tête de l’entreprise familiale
• Algérien, a grandi en Tunisie
• 55 ans, père de deux enfants
• Diplômé en informatique de la faculté des sciences de Tunis et titulaire d’un MBA de la Mediterranean School of Business (MSB) de Tunis
• Directeur général de NCA Rouiba de 1999 à 2010, puis président du conseil d’administration
Déconvenue
Depuis plus d’un an, Slim Othmani se démène pour introduire sa société sur une place financière qui n’en compte que trois cotées. L’ex-ingénieur réseaux a multiplié les demandes d’agrément auprès des autorités compétentes et les appels du pied en faveur de la révision de certains articles de loi. En vain : « L’administration affiche sa bonne foi, mais elle est enfermée dans un ensemble de textes et de doctrines qui ne lui offrent pas beaucoup de flexibilité. »
Devenu directeur général de NCA Rouiba en 1999, l’homme d’affaires a quitté ce poste pour présider, depuis deux ans, le conseil d’administration. Et il n’en est pas à sa première déconvenue. Si l’entreprise ne dispose que d’une seule usine, située à 25 km à l’est d’Alger, c’est, là encore, parce que les projets de développement sont freinés par des éléments extérieurs, dont le coût du foncier : « Il y a trop d’incohérences en matière d’investissements fonciers industriels, juge Othmani. C’est une aberration que 60 % du budget de certains projets soient accaparés par l’achat du terrain. » Dans son bureau spacieux, cet amateur de golf plaide pour une décentralisation plus poussée et un meilleur aménagement du territoire, centré sur la qualité de vie, qui développerait l’attractivité d’autres régions par rapport à la capitale.
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Heureusement, l’entreprise familiale fondée en 1966 affiche des taux de croissance annuels de 20 %. En 2011, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, pour 450 employés. Cette année, elle espère encore enregistrer une belle progression et escompte 60 millions d’euros de ventes. L’objectif à court terme est de doubler les ventes de jus en Tetra Pak d’ici à 2014 pour écouler 280 millions de briques par an.
Maghreb
Mais l’entreprise aspire aussi à élargir son horizon. De nationalité algérienne, Slim Othmani a grandi à Tunis et ne s’est installé dans son pays d’origine qu’en 1991, après une expérience dans une start-up au Canada. Rien d’étonnant, du coup, à ce qu’une stratégie de développement régional lui trotte dans la tête. « Nous affichons clairement des ambitions maghrébines, souligne-t-il. Mais nous ne pouvons pas investir hors de nos frontières, toujours à cause du contrôle des changes imposé par l’administration. » Un brin désabusé, ce père de deux enfants conclut : « Nous espérons que la réglementation changera, sinon nous devrions la contourner avec des artifices pour poursuivre notre développement. »
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