Croissance en Afrique : coup de mou en 2015, selon la Banque mondiale

La Banque mondiale prévoit une croissance en baisse pour le continent africain. En cause : le coup de mou enregistré par les « locomotives » internationales et le recul des prix des matières premières. Décryptage.

Jim Yong Kim est le président de la Banque mondiale. © Nicholas Kamm/AFP

Jim Yong Kim est le président de la Banque mondiale. © Nicholas Kamm/AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 11 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Après le Fonds monétaire international (FMI), c’est au tour de la Banque mondiale de publier, ce jeudi 11 juin, des prévisions de croissance revues à la baisse pour le continent africain comme pour le monde entier. Par exemple, l’Afrique subsaharienne dont le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 4,6 % en 2014 devrait ralentir à 4,2  % cette année. En avril dernier, dans son World Economic Outlook, le FMI avait ramené ses prévisions de croissance de la région à 4,5  % en 2015 – en recul par rapport au taux de 4,9  % annoncé par la même institution trois mois plus tôt.

Freins

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Dans son étude publiée aujourd’hui, la Banque mondiale identifie deux freins qui handicapent l’économie de la planète et empêchent une accélération de l’activité et des échanges. Le premier est le coup de mou que connaissent des « locomotives » comme la Chine, le Brésil ou la Turquie qui importent nettement moins que par le passé. Le second est le recul des prix des matières premières qui fait, certes, l’affaire des pays non-producteurs d’hydrocarbures par exemple, mais qui tarissent une source importante de revenus et qui mettent en difficulté les budgets de nombreux États.

Tout le monde n’est donc pas à la même enseigne. En Afrique du nord, si l’Algérie subit de plein fouet l’effondrement du prix du pétrole et du gaz (croissance à +4,1  % en 2014, mais à +2,6  % en 2015), les autres pays tirent leur épingle du jeu comme l’Egypte (+3,2 % et 4,3 %), le Maroc (+2,6 % et 4,6 %) et, dans une moindre mesure la Tunisie toujours convalescente des séquelles de son « Printemps » (+2,3 % et +2,6 %).

En Afrique subsaharienne, la situation est à la fois plus brillante et plus contrastée, selon les statistiques de la Banque mondiale. Des taux de croissance à la chinoise sont affichées par l’Éthiopie (+10,3 % en 2014 et 9,5 % en 2015), la RD Congo (+9 % et +8 %), la Côte d’Ivoire (+8 % et + 8 %), le Tchad (+7,3 % et +9 %), la Tanzanie (+7,2 % et +7,2 %) ou le Rwanda (+7 % et + 7 %).

En revanche, des taux médiocres sont relevés en Gambie (-0,2 % et 3 %), en Guinée (+0,4 % et -0,3 %), en Afrique du Sud (+1,5 % et 2 %), en Érythrée (2 % et 1,5 %) et au Lesotho (2 % et 4 %). Épidémie d’Ebola ici, mauvaise gouvernance là, et manque d’investissements un peu partout expliquent ces mauvais résultats.

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Optimisme

Dans une interview accordée à Jeune Afrique et parue dans l’édition n°2839 du magazine (actuellement en kiosques), Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, s’est montré résolument plus optimiste quant aux perspectives de croissance de la région. « En 2015, la croissance sera meilleure que prévu », a-t-il assuré.

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À ses yeux, « on surestime encore l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les économies africaines, en ne tenant pas suffisamment compte de leur récente diversification et, surtout, de la capacité d’endettement des pays concernés. Les États les plus affectés par la chute des cours sont aussi ceux qui sont le plus en mesure de lever des fonds et donc de résister pendant une certaine durée – environ un an – à la dégradation de leurs finances publiques. »

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