Droits des femmes : comment se positionnent les pays africains ?

Si certains pays ont encore fort à faire en la matière, d’autres ont mené d’ambitieuses politiques pour réduire l’inégalité hommes-femmes sur le continent.

Catherine Samba-Panza au Parlement, à Bangui, le 23 janvier 2014. © Jerome Delay/AP/SIPA

Catherine Samba-Panza au Parlement, à Bangui, le 23 janvier 2014. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 12 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Quelle place pour la femme en Afrique en 2015 ? En moins de dix jours, deux rapports très fournis de la Banque africaine de développement (BAD) et de l’ONU se sont penchés sur la question. Leurs conclusions ne sont pas vraiment surprenantes : l’Afrique a, comme les autres continents, de nombreux progrès à faire en la matière.

Pour identifier les points forts et les points faibles, la BAD a pour la première fois créé un index destiné à mesurer l’inégalité du genre. Objectif : « prouver aux leaders africains qu’ils doivent faire sauter les verrous empêchant les femmes de contribuer au développement du continent », explique à Jeune Afrique Geraldine J. Fraser-Moleketi, l’auteure du rapport de la BAD.

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Pour classer tous les pays, la BAD s’est appuyée sur une vaste palette d’indicateurs, réunis en trois grands critères : le développement humain, les opportunités économiques et la place accordée aux femmes dans les institutions. Un ensemble réuni en un seul et même index allant de 0 à 100, la meilleure note, soit l’égalité parfaire entre les genres.

L’Afrique australe et le Rwanda en tête

Premier enseignement, le sud du continent se distingue nettement, avec en tête l’Afrique du Sud, le Rwanda et la Namibie. Maurice fait également figure de bon élève. L’île, qui vient de nommer pour la première fois une femme à la présidence de la République, arrive en quatrième position.

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Le trio de tête se distingue par des mesures concrètes. Si l’Afrique du Sud possède l’un des parlements les plus équitables au monde avec près de 50% de députées, la Namibie a quant à elle inscrit la non-discrimination sur la base du genre dans sa Constitution, l’une des rares à utiliser un langage neutre.

De son côté, le Rwanda a instauré des quotas minimum de femmes dans les législatures. Il est aujourd’hui le seul pays au monde où plus de la moitié (60%) des parlementaires sont des femmes. Ce qui a permis d’infléchir les politiques en faveur de l’égalité des genres, notamment en matière de droit foncier.

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L’Afrique francophone à la traîne

À l’opposé du classement, les pays francophones font figure de mauvais élèves. Exception faite de Maurice, de Madagascar et de la Tunisie, aucun ne possède un indice supérieur à 60. La Côte d’Ivoire se classe ainsi à la 44ème place, tandis que le Mali clôture le classement aux côtés du Soudan et de la Somalie.

« Certains pays d’Afrique subsaharienne ont d’énormes marges de progression », concède l’auteure du rapport, Geraldine J. Fraser-Moleketi. « De nombreux régimes traditionnels de propriété foncière excluent largement les femmes de la propriété ou du contrôle des ces ressources. Dans un autre domaine, de nombreux ménages n’ont pas accès aux gazinières modernes, ce qui veut dire que la plupart des femmes et des filles doivent passer des heures à collecter du bois », poursuit l’envoyée spéciale de la BAD sur le genre.

Un index à surveiller 

Même situation pour l’eau, souligne le rapport de l’ONU. « En Afrique subsaharienne, seulement 55 % des ménages se trouvent à 15 minutes ou moins d’une source d’eau. Des enquêtes menées dans 25 pays de la région montrent que les femmes passent un total de 16 millions d’heures par jour pour aller chercher de l’eau », précise l’ONU. Des femmes beaucoup plus contraintes, comme dans les autres continents, par le travail domestique. En témoigne la répartition de la charge de la collecte d’eau :

Si certaines tendances se dégagent de l’index de la BAD, le baromètre se veut avant tout être « un point de comparaison », selon son auteure. « Il s’agit d’un première publication de l’index, il est donc trop tôt pour en tirer des comparaisons et des conclusions », assure Geraldine J. Fraser-Moleketi. Rendez-vous en 2016, pour mesurer les premières évolutions.

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