Pour le gouvernement burundais, « il n’y a plus de manifestations » dans le pays
« Il n’y a plus de manifestations » au Burundi, a assuré jeudi le gouvernement. Qui accuse les journalistes d’être à l’origine des troubles que connaît le pays.
![Un policier burundais à Bujumbura le 10 juin 2015. © Gildas Ngingo/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/06/11/polrca.jpg)
Un policier burundais à Bujumbura le 10 juin 2015. © Gildas Ngingo/AP/SIPA
« Il n’y a plus de manifestations à Bujumbura ou à l’intérieur du pays (…). Ce qu’on observe sur le terrain, c’est un mouvement de certains journalistes, surtout ceux dépêchés par les médias internationaux, qui recherchent et organisent des groupes de gens », a déclaré le porte-parole adjoint du ministère de la Sécurité publique, Pierre Nkurikiye.
« Ces journalistes leur demandent de chanter, d’exhiber des pancartes. Ces derniers s’exécutent et ces journalistes prennent des images qu’ils diffusent par la suite auprès de certains médias internationaux et sur internet et commentent qu’il y a eu des manifestations au Burundi », a-t-il poursuivi, donnant lecture d’un communiqué.
Un mouvement qui s’essouffle
Il est vrai que le mouvement de contestation connaît un certain essoufflement depuis plusieurs jours, notamment, selon les organisateurs, parce que la police quadrille les quartiers contestataires et empêchent les manifestants de se rassembler, notamment en tirant sur eux à balles réelles.
Cinq personnes ont ainsi été blessées par balles mercredi soir dans des affrontements avec la police dans deux quartiers de Bujumbura, et une sixième dans la journée lors de la dispersion d’une manifestation en province, selon des sources médicale et policière.
Offensive sur les médias
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement accuse les médias d’être à l’origine des troubles. Les médias privés d’informations burundais ont été détruits durant la tentative avortée de coup d’État des 13 et 14 mai. Ils sont depuis réduits au silence. Avant leur destruction, les autorités les accusaient déjà d’inciter à l’insurrection en relayant les appels à manifester.
De nombreux journalistes burundais font également état d’intimidations et de menaces et, selon Reporters sans Frontières, près de 50 journalistes burundais sont actuellement en exil, craignant pour leur sécurité.
Un envoyé spécial de France 24, Thaïs Brouck, s’est quant à lui vu retirer début juin son accréditation, officiellement pour n’avoir pas respecté les termes de celle-ci, à savoir la couverture des élections. Mais un responsable lui avait également dit que des rapports de sécurité l’accusaient d’encourager par sa présence les manifestations.
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