Solaire : les Bluezones, des oasis électriques en plein désert

Au Niger, Bolloré vient d’inaugurer sa quatrième Bluezone, un site autonome en énergie et connecté à internet. Une innovation séduisante pour le continent, toujours en manque d’infrastructures.

Vue de la Bluezone de Dosso, au Niger. © Bolloré

Vue de la Bluezone de Dosso, au Niger. © Bolloré

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Publié le 11 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Ligne à haute tension à Niamey. Le Niger bénéficie d’une interconnexion avec le réseau nigérian. © Vincent Fournier/JA
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Énergie : très chère électricité

Trois fois plus qu’en Asie : le consommateur africain paie en moyenne 14 cents de dollars (13 centimes d’euros) son kilowattheure, quand celui d’Asie du Sud paie seulement 4 cents. Conséquence : une famille résidant dans une grande ville d’Afrique consacre environ 30 % de ses revenus à l’énergie.

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Le 8 février, c’est dans un cadre atypique que les habitants de Dosso, à 140 km au sud-est de la capitale nigérienne, ont pu assister à la victoire des Éléphants ivoiriens en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Dans la Bluezone construite par le groupe Bolloré en marge de la voie chemin de fer qui doit relier, avant la fin de ce premier semestre, Dosso à Niamey, des écrans géants avaient été installés. Particularité du site : il n’est pas connecté au réseau électrique de la ville. Pourtant, les aficionados ont pu suivre le match sans craindre qu’un « délestage » intempestif ne les plonge dans l’obscurité en pleine séance de tirs au but. Dans un pays déshérité, où les coupures de courant sont monnaie courante, la Bluezone de Dosso, autonome en énergie et reliée en permanence à internet via la fibre optique, fait figure d’oasis dans le désert.

Alternative

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Avant le Niger, le concept avait déjà été testé avec succès dans trois autres villes de la sous-région : Conakry, Cotonou et Lomé. Avec toujours le même schéma d’implantation : un chantier conduit par le groupe Bolloré, en lisière duquel ce dernier investit intégralement sur fonds propres (à hauteur de 1 million d’euros par Bluezone) afin de permettre aux populations locales de profiter de ce bien si précieux qui fait cruellement défaut au continent.

« Nous proposons une alternative énergétique économe, rapide à mettre en œuvre et écologique, qui ne nécessite aucun réseau de transport et de distribution d’électricité – contrairement aux solutions traditionnelles, indique Joël Broux, directeur de Bolloré Africa Logistics Niger. Il s’agit donc d’une alternative crédible à l’échelle de territoires vastes comme le Niger, où le fossé énergétique à combler est énorme. »

En l’occurrence, l’électricité fournie gratuitement 24 h/24 dans la Bluezone de Dosso provient d’une technologie novatrice qui aura nécessité deux décennies de recherche et développement, et un investissement de 2 milliards d’euros. Grâce aux batteries lithium métal polymère (LMP) développées par Bolloré, couplées aux panneaux fabriqués par Sunpower (une filiale de Total Énergie Développement), l’énergie solaire est captée durant la journée et stockée.

« Ces premières Bluezones de Dosso et Niamey, entièrement connectées à internet, permettent d’imaginer la création d’espaces pour la formation, d’incubateurs pour les entrepreneurs nigériens, de lieux pour accueillir les artisans, d’activités culturelles et sportives, de centres de santé », résume Vincent Bolloré.

L’approche philanthropique de Bolloré s’accompagne évidemment d’une ambition commerciale à plus long terme.

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Ambition commerciale

Une approche philanthropique qui s’accompagne évidemment d’une ambition commerciale à plus long terme : s’assurer une place de choix sur le marché du stockage de l’énergie dans un contexte de transition qui induit de nouvelles façons d’en produire. Pour une entreprise qui cultive de longue date une relation privilégiée avec le continent, le concept de Bluezone fait donc aussi figure de vitrine permettant de populariser sa technologie auprès des pouvoirs publics du continent, où l’insuffisance énergétique constitue encore un frein majeur au développement.

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Pour les autorités nigériennes, qui attendent depuis quatre-vingts ans la construction du fameux chemin de fer qui sera connecté, à terme, à la boucle ouest-africaine censée relier le Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, « c’est l’aboutissement du chantier ferroviaire qui est prioritaire », résume un proche du président Issoufou. Mais les représentants de l’Association des municipalités du Niger, accompagnés de plusieurs édiles de la sous-région, n’auraient pas voulu manquer la visite de la Bluezone de Dosso.

« C’est une merveille technologique susceptible d’intéresser les collectivités locales, afin de disséminer des Bluezones réalisées sur fonds propres ou sur investissements extérieurs », s’enthousiasme Abdoulaye Issa, le gouverneur de la région de Dosso. Chez Bolloré, on n’a pas oublié qu’en Afrique, le téléphone portable s’est répandu d’autant plus rapidement que les infrastructures filaires faisaient cruellement défaut.

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