Prêteurs sur gages
À Paris, Alassane Ouattara a reçu des promesses d’aide des bailleurs de fonds au-delà de ses espérances. Mais ces derniers attendent en retour des progrès en matière de sécurité et de réconciliation.
Donner un nouveau souffle. C’est l’ambition d’Alassane Ouattara, qui, après avoir remanié son gouvernement, a obtenu le soutien financier de la communauté internationale. C’était les 4 et 5 décembre à Paris, lors de la réunion du Groupe consultatif pour le financement du Plan national de développement (PND). Accompagné de Daniel Kablan Duncan, son Premier ministre, et d’une dizaine de membres du gouvernement, le président ivoirien s’est employé à rassurer bailleurs de fonds et investisseurs privés : « La Côte d’Ivoire est en passe de réussir son décollage… Ce grand mouvement ne sera pas affecté par quelques épisodes de violence localisés. »
Examen de passage réussi. L’État ivoirien a reçu des promesses de prêts et de dons de 8,6 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) d’ici à 2015 même si les bailleurs n’entendent pas signer un chèque en blanc et attendent de sérieux progrès en matière de sécurité, de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme. Reste au gouvernement à mobiliser l’ensemble de ces fonds. « Je fais confiance au Premier ministre pour mettre tout le monde en ordre de bataille », confie Madani Tall, directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire. « On recrute des experts dans tous les ministères. » Les autorités se sont fixé des objectifs ambitieux : une croissance à deux chiffres et la réduction de moitié de la pauvreté (qui touche 50 % de la population) d’ici à trois ans.
À Paris, Ouattara s’est aussi efforcé de rassurer son partenaire français, principal soutien, avec 630 millions d’euros de dons d’ici à 2015. Reçu à l’Élysée par François Hollande, le président ivoirien a fait le point des avancées dans trois dossiers importants : justice, réforme de l’armée, dialogue politique. « J’ai récupéré une justice en piteux état, mais nous progressons. Nous serons en mesure d’accélérer les procédures et de mieux lutter contre l’impunité », a expliqué Ouattara à son homologue. Il lui a également promis que les enquêtes sur les violences postélectorales aboutiraient, quels que soient les auteurs des exactions (plus de 700 décès sont attribués aux forces pro-Ouattara et plus de 1 400 aux pro-Gbagbo).
Soutien
Les deux chefs d’État ont ensuite évoqué la réforme de l’armée ivoirienne, à qui la France fournit une formation et un soutien technique. Quelque 3 300 ex-combattants y ont été intégrés sur les 30 000 concernés.
Enfin, les relations avec l’opposition ont été abordées, dans la perspective des élections municipales et régionales de février 2013. Les conseillers élyséens ont reçu le 23 novembre une délégation du Front populaire ivoirien (FPI, parti fondé par Laurent Gbagbo) qui leur a soumis une série de demandes : libération de l’ancien président, financement des partis, recomposition de la commission électorale. Ouattara s’est dit prêt à relancer le dialogue.
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