OGM – Doulaye Traoré : « Le Burkina Faso est important dans la stratégie africaine de Monsanto »
Une bronca des producteurs de coton burkinabè contre les semences OGM menace les activités du groupe américain Monsanto dans le pays. Dans cette interview accordée à « Jeune Afrique », Doulaye Traoré, directeur des affaires publiques du fournisseur de semences au Burkina Faso, répond aux arguments avancés par les producteurs.
En 2008, le Burkina Faso lançait la culture à grande échelle du coton transgénique, après une période de test de cinq ans.
Aujourd’hui les semences génétiquement modifiés représentent près de 70 % des superficies cotonnières dans le pays. Mais le partenariat entre l’américain Monsanto et les sociétés cotonnières du pays traverse depuis quelques semaines une période difficile.
Remettant en cause la qualité de la fibre transgénique et le rendement des semences OGM, ces sociétés menacent de réduire l’utilisation des semences OGM. « Jeune Afrique » a interviewé le directeur des affaires publiques du groupe américain au Burkina.
Jeune Afrique : Quelles sont les quantités de semences vendues par Monsanto au Burkina et pour quel montant ?
Doulaye Traoré : Monsanto ne prend part ni à la vente, ni à la distribution des semences de coton au Burkina Faso. Cette tâche est dévolue à la Sofitex selon le vouloir de la partie burkinabè. Monsanto ne prend pas, non plus, part au processus de fixation des prix des intrants dont celui des semences au Burkina Faso. Ces négociations se font entre les producteurs et les sociétés cotonnières. Cependant, les bénéfices apportés par la technologie que nous fournissons sont repartis comme suit : 60 % pour les producteurs, 28 % pour Monsanto et 12 % pour les sociétés cotonnières et l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA).
Les producteurs sont libres de choisir le type de coton qui leur profite.
La décision de l’inter-profession du coton de réduire les superficies de coton transgénique peut avoir quelles conséquences pour Monsanto ?
Le Burkina Faso est important dans la stratégie africaine de Monsanto. Mais les producteurs sont libres d’emblaver le type de coton qui leur profite. La culture à grande échelle du coton Bollgard II au Burkina Faso depuis 2008 a transformé la filière coton du Burkina Faso, favorisant une production soutenue avec une réduction d’au moins 2/3 des insecticides utilisés en culture conventionnelle et par conséquence une meilleure santé des producteurs, une réduction de la pénibilité du travail avec un meilleur grade de la fibre du coton.
Les études menées par la recherche burkinabé sur le coton Bollgard II ont prouvé ces avantages. Parmi lesquels, une augmentation du rendement de 20 % et la la réduction du nombre de traitements insecticides de 6 voire 8 à 2.
La réaction des professionnels du coton burkinabè n’est-elle pas aussi liée aux coûts « trop élevés » de la semence ?
Les études socio-économiques de l’INERA de 2014 attestent que la majorité des producteurs trouvent le prix des semences du coton Bollgard II acceptable et cela signifie qu’ils en tirent un profit certain et la demande de semences est croissante. Au prix de 27 000 F CFA (41,16 euros)/hectare (26 000 F CFA/ha en 2015), 53 % des producteurs en 2014 indiquent réaliser un bénéfice.
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