RDC – Bienvenu Liyota : « Pas favorable à l’exploitation du pétrole dans le parc des Virunga »

L’exploitation du pétrole au coeur du parc des Virunga n’est pas dans les plans du gouvernement de la RDC. En tout cas, si l’on en croit Bienvenu Liyota, ministre congolais de l’Environnement, qui s’est confié à « Jeune Afrique ».

Bienvenu Liyota, ministre congolais de l’Environnement et du Développement durable. © Vincent Fournier/J.A.

Bienvenu Liyota, ministre congolais de l’Environnement et du Développement durable. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 12 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

S’achemine-t-on vers l’épilogue de l’affaire Soco-Parc des Virunga ? De passage à Paris après son séjour à Bonn en Allemagne où il a pris part aux discussions sur le climat, Bienvenu Liyota a rejeté, le 10 juin, le projet d’exploitation pétrolière de la compagnie britannique Soco International. Le ministre congolais de l’Environnement et du Développement durable a confié à Jeune Afrique qu’il n’est « pas favorable» à l’extraction du pétrole à l’intérieur des limites du parc des Virunga, dernier refuge des gorilles de montagne au monde.

Un rétropédalage ? Au mois de mars, Kinshasa affirmait avoir des discussions avec l’Unesco afin de déclassifier une partie du parc des Virunga et permettre ainsi l’exploitation de l’or noir. « Ce sont des choses alléguées, le gouvernement de la RDC n’a jamais entamé de négociations, ni de discussions. Ce sont des pistes évoquées par ceux qui veulent soutenir le projet d’exploitation », martèle-t-il.

Le gouvernement congolais ne peut pas accepter que les gens utilisent la corruption pour essayer d’arracher des contrats.

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Exploiter le pétrole, mais à quel prix ? Dans un communiqué publié mercredi, l’ONG Global Witness accuse en effet Soco International d’avoir payé un officier de l’armée congolaise, impliqué dans une campagne d’intimidation brutale destinée à réduire au silence les opposants au projet. Des allégations prises très au sérieux par le ministre Liyota qui souhaite l’ouverture d’une enquête. « Le gouvernement congolais ne peut pas accepter que les gens utilisent la corruption pour essayer d’arracher des contrats dans notre pays», tranche-t-il.

En 2011, le gouvernement avait octroyé un permis d’exploration à la compagnie Soco International mais depuis, « la situation a évolué », assure le ministre. « Tout ce qui va à l’encontre de la conservation de la nature ne peut pas marcher », dit l’ancien président du conseil d’administration du Congo-Oil (2011-2012).

La RDC voudrait jouer un rôle clé dans la COP 21
À l’approche de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21), prévue du 30 novembre au 11 décembre 2015, Kinshasa espère jouer un rôle clé dans les négociations, mettant en avant ses potentialités naturelles, comme par exemple ses zones boisées, deuxième plus grande forêt humide au monde.

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Si de nombreux abus ont été dénoncés dans le passé en ce qui concerne l’attribution des contrats d’exploitation forestière, Bienvenu Liyota affirme qu’il travaille sur une vaste réforme avec l’Agence française de développement et le soutien des plusieurs autres partenaires extérieurs dont le Japon, l’Allemagne et le Canada.

Aujourd’hui, contrairement à ce que l’on rapporte par-ci par là, la forêt congolaise est très bien gérée.

« Éradiquer un mal qui a pris racines depuis plusieurs années ne se fait pas en deux ou six mois », reconnaît le ministre. « Mais aujourd’hui, contrairement à ce que l’on rapporte, la forêt congolaise est très bien gérée : tous les contrats de concession forestiers ont été revisités en accord avec la Banque mondiale et seuls 57 ont été renouvelés », affirme Bienvenu Liyota. Une sélection qui, à ses yeux, démontre la volonté de la RDC à mettre fin aux mauvaises pratiques d’antan.

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Autre mesure prise : la « surveillance satellitaire » des forêts. À en croire le ministre, désormais « aucun arbre ne peut être coupé en RDC sans que [l’État congolais] ne soit au courant ». Avec l’appui de la coopération canadienne et de l’Agence française de développement, un système GPS a été installé pour surveiller l’exploitation forestière dans le pays.

Pas sûr que la technologie de surveillance des forêts mise en place suffise à dissuader les groupes armés nationaux et étrangers ainsi certains officiers congolais qui s’adonnent à cœur joie au commerce illégal du bois dans l’est de la RDC…

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