Wendel fait ses premiers pas en Afrique

Après s’être emparé d’un quart du capital du nigérian IHS, le capital-investisseur français Wendel affiche sa volonté de se développer sur le continent. Priorités : les télécoms, l’agro-industrie et la distribution.

Le holding aurait déjà examiné une dizaine de dossiers, pour un montant d’investissement pouvant aller jusqu’à 200 millions d’euros par opération. © Éric Frémont/AFP

Le holding aurait déjà examiné une dizaine de dossiers, pour un montant d’investissement pouvant aller jusqu’à 200 millions d’euros par opération. © Éric Frémont/AFP

Publié le 18 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

En octobre, le holding d’investissement Wendel, coté sur l’Eurolist d’Euronext Paris, a créé une petite surprise dans le monde du private equity. En s’octroyant 25 % du capital de l’opérateur d’antennes relais nigérian IHS pour 125 millions de dollars (97 millions d’euros), la prestigieuse société financière, produit d’une longue tradition industrielle française (lire encadré), a bouclé sa première opération en Afrique.

Fonds propres

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Qualifiée d’opportuniste par un analyste, l’opération n’est que le premier pas d’une stratégie à plus long terme, à en croire Stéphane Bacquaert, directeur associé de Wendel chargé notamment du développement en Afrique. « Nous sommes à la recherche d’investissements dans des sociétés panafricaines en forte croissance aux côtés d’investisseurs reconnus sur le continent, affirme-t-il. Nous pourrons investir en fonds propres jusqu’à 200 millions d’euros par opération. » Une dizaine de dossiers auraient été examinés, mais l’investisseur ne se fixe aucun objectif de volume et entend rester à l’affût. Même s’il dit être plus intéressé par l’Afrique subsaharienne, le groupe est également prêt à s’engager au Maghreb, plus particulièrement au Maroc.

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Température

Le continent n’est pas totalement inconnu de l’investisseur français. En tant qu’actionnaire de référence de plusieurs sociétés actives en Afrique, Wendel a déjà pu y prendre la température des affaires. La société de certification Bureau Veritas, dans laquelle le groupe a investi dans les années 1990, est ainsi présente dans 25 pays africains, où elle emploie quelque 3 000 personnes. L’investisseur détient également Mecatherm, une société française leader mondial dans les équipements de boulangerie industrielle, qui a installé seize lignes de fabrication de pain dans divers pays d’Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, au Nigeria, en RD Congo, en Tunisie, au Sénégal et au Mali. Wendel possède enfin Materis, un groupe présent au Maroc avec sa filiale Arcol (peinture décorative) et en Afrique du Sud avec ABE Construction Chemicals. « La connaissance du terrain est un point clé dans ce métier, juge Pierre Boucheny, analyste chez Kepler Capital Markets. Sans compter que l’Afrique représente une terre de croissance à un moment où Wendel cherche à se désensibiliser au marché français : la décision d’y investir semble très cohérente. »

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Des forges à la finance

en Lorraine en 1704, Wendel s’est développé pendant près de trois siècles dans la sidérurgie, avant d’être obligé de repenser son métier avec la crise du secteur en France dans les années 1970. Devenu investisseur en capital, le groupe privilégie des participations majoritaires de longue durée, comprises entre 200 millions et 500 millions d’euros, dans des sociétés de préférence non cotées et actives en Europe. En 2011, il a lancé Oranje-Nassau Développement afin d’investir des montants plus faibles sans limite géographique. Wendel vient de traverser une période de turbulences. En 2007, il avait acquis 21,5 % de Saint-Gobain en recourant à un fort effet de levier, une pratique qui peut se révéler risquée. Rattrapé par la crise des subprimes, Wendel a vu ses émissions obligataires classées « spéculatives » par Standard and Poor’s en 2008. Depuis, il s’est délesté d’environ 4 milliards d’euros d’actifs. Détenu à près de 35 % par la famille Wendel, il gère 9,7 milliards d’euros d’actifs bruts en 2012. N.T.

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Pour se développer sur le continent, Wendel a mis sur pied une entité baptisée Oranje-Nassau Développement. La volonté affichée est de co-investir avec des poids lourds de l’investissement en fonds propre en Afrique, qu’ils soient bailleurs de fonds publics ou acteurs privés, sans se fixer de limite de durée. Ainsi, IHS comptait déjà parmi ses actionnaires des grands noms du private equity africain comme Emerging Capital Partners, le sud-africain Investec Asset Management, la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) et la banque de développement néerlandaise FMO.

Pas de saupoudrage

Afin de répartir le risque-pays, Wendel cible en priorité des sociétés panafricaines. En matière de secteurs, le groupe affirme chercher à contribuer « fondamentalement » à la croissance et s’intéressera en priorité aux télécoms, à l’agro-industrie, à la distribution, à la bancassurance et à la santé. Et pour minimiser les risques de corruption, le holding annonce vouloir investir seulement dans des industries privées, « cloisonnées des pouvoirs publics ».

Comme en Europe, Wendel investira majoritairement en capital, sans avoir recours à la dette. « Nous ne voulons pas saupoudrer, mais réaliser de vrais paris industriels pour lesquels nous sommes prêts à réinvestir pour financer la croissance », résume Stéphane Bacquaert. De futures injections de capital dans IHS ne seraient d’ailleurs pas exclues. 

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