Footez-Lui la paix
Rassurez-vous, on ne va pas transformer cette page en rubrique sportive, mais je voudrais quand même revenir sur la finale de la Champions League qui a opposé samedi dernier Barcelone à la Juventus.
Dès le coup de sifflet final, l’attaquant Neymar a noué un bandana blanc autour de son crâne de petit oiseau écervelé avant d’aller caracoler, crier et faire des cabrioles devant les fans et la télé réunis. Où est le problème, demandez-vous ? Voici : le bandana portait un message qu’on aurait dit écrit à la main, au feutre noir, comme par un cancre qui se serait appliqué, et ce message tenait en ces simples mots : « 100 % Jésus ».
D’habitude, c’est le jus d’orange qu’on garantit « 100 % pur jus », ici c’est Jésus. Étonnant, non ? Ce n’est tout de même pas la même chose, un petit fruit d’un côté et le Fils de l’Homme de l’autre.
Neymar est un joueur dont l’habileté confine au génie. Mais est-il aussi calé en théologie qu’en foot ? Il est permis d’en douter, car c’est tout de même faire preuve d’une stupidité insondable que d’associer Dieu à un jeu de ballon. Neymar n’est évidemment pas le seul en cause. Ils sont légion, les fadas qui pointent l’index en direction du Ciel, l’œil chaviré, quasiment la bave aux lèvres, quand ils marquent un but, comme si Dieu n’avait rien de mieux à faire que regarder le match du jour et décider, comme ça, sans raison particulière, qu’à la vingt-troisième minute Tartempion – ou Tartempinho (ce sont généralement des Brésiliens) – allait mettre le ballon au fond des filets.
« Merci Dieu ! » « Je dédie ce but à Jésus ! » Dieu ? Jésus ? Mais si vous êtes sincères, bande de Tartufe – ou de Tartufinho -, appliquez donc à la lettre l’enseignement du Seigneur : donnez votre argent aux pauvres au lieu de vous acheter chaque mois une nouvelle Ferrari et une bimbo assortie. Un doigt levé vers Dieu et toute la main (et le fric) pour Babilla ? C’est trop facile !
Vous haussez les épaules : « Tu t’énerves pour rien. » Pas d’accord. C’est très sérieux ! Loin de moi l’idée d’établir un parallèle entre Neymar et Daesh, mais n’est-ce pas cette manie de mettre Dieu à toutes les sauces – le football ici, l’assassinat là-bas – qui fait chaque jour le malheur du monde ? Footons la paix à Dieu !
Une dernière note pour illustrer la niaiserie qui s’abat sur le monde dès que le foot entre en scène. Le Barcelonais Suárez a déclaré gravement qu’il « était heureux d’avoir gagné la Coupe ». Quel scoop ! Et les télés de répercuter cette déclaration de Suárez comme si c’était une analyse d’une grande subtilité. Sommes-nous devenus complètement gagas ? Si Suárez avait révélé qu’il était profondément malheureux d’avoir gagné, ça, ç’aurait été intéressant. Accourez, psychiatres ! Mais heureux d’avoir gagné ? Quelle révélation !
Ils sont donc beaux, géniaux la balle au pied et spectaculairement stupides. Que faire ? Voici une modeste proposition : inventons une nouvelle discipline, le football muet. De la même façon qu’ils n’ont pas le droit d’utiliser leurs mains, il faudrait interdire l’usage de leur langue aux footballeurs. Ainsi ils se contenteraient de nous enchanter par leurs dribbles au lieu d’ajouter, par leurs déclarations, au déluge de sottises qui nous submerge chaque jour.
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