Sénégal : CSI-Matforce, électrique et éclectique

La Compagnie sahélienne d’industries inaugurera le 21 décembre une centrale de 30 MW au Mali. Un contrat de 10 millions d’euros qui illustre bien la diversification du groupe au-delà de la distribution automobile.

Une usine d’assemblage de tableaux électriques a récemment été installée. © Matforce

Une usine d’assemblage de tableaux électriques a récemment été installée. © Matforce

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 21 décembre 2012 Lecture : 4 minutes.

« Nous sommes le plus ancien distributeur de véhicules Hyundai au monde », aime rappeler Mamadou Sow, PDG de la Compagnie sahélienne d’industries (CSI-Matforce). Le groupe, qui représente également la marque japonaise Mazda, vend un petit millier de véhicules par an au Sénégal et est par ailleurs franchisé Europcar pour la location de véhicules. L’automobile n’est pourtant plus son activité principale.

D’une entreprise de négoce implantée en 1898 sous le nom – bien connu – d’Unilever, CSI-Matforce s’est transformé en un groupe diversifié employant 300 personnes et actif aussi bien dans la distribution (et la maintenance) de véhicules que dans la production d’énergie et la climatisation. Chacune de ces activités représente désormais un tiers de son chiffre d’affaires, qui s’est stabilisé à 18,4 milliards de F CFA (28 millions d’euros) en 2011, après une baisse de 18 % en 2010. « Nous tablons sur un chiffre d’affaires 2012 en hausse, autour de 20 milliards de F CFA », assure le patron, rencontré à Dakar au siège du groupe, à deux pas de la place de l’Indépendance, au premier étage d’une concession où luisent, sous un soleil de plomb, les carrosseries neuves des derniers modèles importés.

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Si l’activité de vente de véhicules est historique, le groupe a décidé d’accélérer début 2000 un virage stratégique amorcé plus tôt avec la vente et la location de groupes électrogènes. « En voyant les besoins criants de l’Afrique en matière d’énergie, il était évident pour nous qu’il fallait investir dans ce secteur », explique Mamadou Sow. Outre les industriels, les opérateurs téléphoniques et les entreprises publiques comme la Société nationale d’électricité (Senelec) font appel à lui pour la conception, la fourniture, l’installation et la maintenance d’équipements électriques.

Solaire

Le 21 décembre, CSI-Matforce inaugurera d’ailleurs une unité diesel de 30 MW à Kayes, au Mali. Un contrat de 10 millions d’euros signé avec le cimentier indien Diamond Cement, qui démarrera dans la foulée ses activités sur place. D’autres discussions sont en cours avec des miniers dans l’est du Sénégal, dont Randgold Resources. En 2011, le groupe a également décroché une licence avec le français EDF pour la construction de centrales solaires ou classiques au Sénégal. « Nous venons de réaliser nos premiers raccordements », précise Mamadou Sow.

Une croissance bien financée

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Aureos Capital cédera ses parts dans Matforce au début de 2013. Le capital-investisseur, entré au tour de table de l’entreprise en 2007 et qui y a investi 1,2 million d’euros (auxquels s’ajoutent 2 millions d’euros au titre des garanties bancaires), l’a soutenue en réinvestissant en 2009. Actionnaire majoritaire depuis le départ de son associé Jacques Conti en 2010, Mamadou Sow devrait en toute probabilité racheter les 10 % détenus par Aureos. Car la croissance du groupe est bien financée. Il a levé récemment sur le marché régional quelque 6 millions d’euros, garantis à 100 % par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et le Fonds Gari. D’autres prêts accordés récemment devraient lui permettre de financer sans difficulté les commandes de matériel. Avant une éventuelle cotation en Bourse ? C’est une éventualité que Mamadou Sow n’écarte pas. F.M.

« CSI-Matforce a une réelle capacité en matière de fourniture d’énergie aux entreprises. Il peut installer des centrales et les gérer », affirme Kodjo Aziagbe, associé pour l’Afrique de l’Ouest francophone du capital-investisseur Aureos Capital (lire encadré), actionnaire depuis 2007 du groupe sénégalais présent en Gambie, en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry, au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire. Nouveau défi : développer les énergies renouvelables dans toute la sous-région. Partenaire du chinois Suntech, avec qui il installe des modules familiaux d’électrification en zone rurale, Mamadou Sow souhaite passer à la vitesse supérieure : « Nous travaillons sur des centrales d’une puissance de 50 à 100 MW, mais il y a un blocage politique, déplore-t-il. Je ne comprends pas que nos États ne s’impliquent pas plus pour promouvoir l’énergie solaire ! » Des contacts ont aussi été pris avec le géant américain du secteur, First Solar.

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Froid

Ces derniers mois, CSI-Matforce a installé une usine d’assemblage de tableaux électriques, lancé une unité de production de gaines et inauguré en octobre un atelier de fabrication de liquides de refroidissement. Ces deux dernières activités viennent soutenir l’activité de production de froid, le troisième grand pôle du groupe après l’automobile et l’énergie. Mais ce vaste plan d’investissement ne s’est pas encore traduit par une augmentation des revenus et des bénéfices.

« Ce n’est pas la demande qui a fait défaut, souligne Kodjo Aziagbe. Mais les principaux fournisseurs de la société, Cummins [fabricant de moteurs, NDLR] et Hyundai, ont accusé d’importants retards en matière de livraison, ce qui a freiné CSI-Matforce. » Fier d’avoir accroché récemment aux cimaises de son bureau la double certification ISO 9001 (qualité) et 14001 (environnement), qu’il est l’un des rares industriels africains à avoir obtenue, Mamadou Sow reste malgré tout confiant. 

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