Alain Nyamitwe : « Le Burundi doit éviter de tomber dans un vide constitutionnel »

Alors que la crise politique au Burundi est à l’ordre du jour du conseil Paix et sécurité de l’Union africaine (UA) qui se tient samedi soir à Johannesburg, Alain Nyamitwe, le ministre burundais des Affaires étrangères, a accepté de répondre à « Jeune Afrique ». Interview.

Pierre Nkurunziza, le 17 mai 2015 à Bujumbura. © Jerome Delay/AP/SIPA

Pierre Nkurunziza, le 17 mai 2015 à Bujumbura. © Jerome Delay/AP/SIPA

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Publié le 13 juin 2015 Lecture : 4 minutes.

Jeune Afrique : Les élections législatives et présidentielle se tiendront-elles bien aux dates annoncées, c’est-à-dire les 29 juin et 15 juillet ? 

Alain Nyamitwe : C’est en tout cas l’espoir et la volonté du gouvernement, pour pourvoir le pays d’institutions élues dans les délais prévus par la Constitution. Le tout est de ne pas créer de vide constitutionnel pour les organes de l’État.

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Qu’attendez-vous de ce 25e sommet de l’Union africaine (UA), où la situation au Burundi a été mis à l’ordre du jour du conseil Paix et sécurité du samedi 13 juin au soir ? 

Nous espérons que le conseil Paix et sécurité pourra prendre le pouls exact de la situation au pays. La délégation burundaise aura l’occasion d’exprimer la réalité des faits sur le terrain parce que malheureusement, dans toute cette histoire, la première victime a été la vérité. Les faits n’ont pas été rapportés – même pas par la presse, d’ailleurs – comme il se devait. Quand on parle du Burundi, nous avons toujours l’impression que le pays brûle. Quand on parlait des manifestations, nous avions l’impression que c’était tout le Burundi qui basculait dans la violence. En réalité, ce n’était que trois à quatre quartiers de la capitale, même pas toute la capitale. Cela est donc important que donnions une présentation assez exhaustive de la situation sur le terrain. Nous allons aussi expliquer aux différentes délégations présentes les choix politiques du Burundi dans cette période cruciale d’élections. Il s’agit d’un virage important, durant lequel nous devons doter notre pays d’institutions élues pour éviter de tomber dans un vide constitutionnel qui serait porteur de beaucoup plus de risques.

Pourquoi le président Pierre Nkrurunziza n’est-il pas venu en personne à ce sommet de l’Union africaine à Johannesburg ? 

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Il y a encore du temps pour le sommet. Le sommet des chefs d’Etat se tient les 14 et 15 juin, n’allons donc pas trop vite en besogne. Pour des raisons de sécurité, je ne peux pas vous dire s’il vient ou non.

Le départ du médiateur Saïd Djinnit a été interprété par beaucoup comme un nouveau signe de blocage entre le camp présidentiel et l’opposition. Est-on dans une impasse ?

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Nous ne sommes pas dans une impasse. Je m’interroge plutôt sur l’intention de ceux qui ont poussé Saïd Djinnit vers la sortie. Que voulaient-ils au juste ? Peut-être le saurons-nous dans les jours qui viennent. Ce qui est certain, c’est que le dialogue qu’il avait initié, à la demande de la même opposition, avait fait des progrès tangibles, reconnus par la communauté internationale, les Nations unies, l’Union africaine, ou encore la Communauté est africaine. Je pense donc que l’opposition ne peut pas avoir raison contre tout le monde.

Quelles solutions propose le gouvernement ?

Une chose est claire : nous devons aller aux élections. Deuxièmement, nous allons poursuivre le dialogue avec un autre médiateur, mais nous bâtirons ensemble, avec toutes les parties intéressées, sur ce qui a été fait par Saïd Djinnit. Nous n’allons pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Le président Pierre Nkurunziza ne renoncera pas à se présenter à un troisième mandat ? 

Cette question ne se pose pas. Notre pays a des institutions et une décision a été rendue par une cour attitrée. Elle doit être respectée.

Ne craignez-vous pas un isolement du Burundi sur le plan international ? 

Cela dépend de ce que vous appelez isolement. Ce qui m’importe en tant que ministre des Affaires étrangères, c’est de montrer la bonne foi du gouvernement et sa bonne disposition à travailler avec tout le monde. Nous espérons que tous nos partenaires vont pouvoir entendre et comprendre notre cri d’ouverture. Nous n’avons chassé personne, nous avons ouvert notre pays à tout type d’observateurs électoraux et même à tout type de médias pour montrer notre bonne volonté.

Que deviennent les putschistes arrêtés après la tentative de coup d’État du 13 mai contre Pierre Nkurunziza ? 

Je n’ai pas de chiffre précis mais il y a un bon nombre d’officiers de l’armée qui ont été arrêtés et dont les procédures judiciaires suivent leurs cours, dans le respect des droits de la défense. Par contre, d’autres sont encore recherchés par la police et les institutions judiciaires de notre pays.

Où est le général Godefroid Niyombare, le meneur des putschistes ? 

Je ne sais pas. Mais tous ceux qui se sont impliqués dans cette tentative de coup d’État sont recherchés. Il y a lui, mais aussi d’autres noms.

Les médias privés ont été fermés depuis cet épisode. À quand leur réouverture ? 

Si ce n’est pas encore fait, cela doit être en voie de l’être. Nous nous étions entendus, avant le départ de Saïd Djinnit, sur le fait que les médias privés pouvaient travailler au sein de la maison de la presse. Quand j’ai quitté Bujumbura, cette question était en train d’être réglée. Certains médias ont été utilisés à des fins de coup d’État. Cela nécessite donc un minimum d’enquête.

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