Burundi : l’opposition dénonce un « forcing » du gouvernement auprès de la Commission électorale

L’opposition burundaise, qui conteste depuis fin avril la volonté du président Pierre Nkurunziza à briguer un troisième mandat, a dénoncé samedi le « forcing du gouvernement » et l’illégitimité de la Commission électorale, dont le Parlement vient de valider la nouvelle composition, à un mois de la présidentielle.

Manifestation contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, le 25 mai 2015 à Kinama près de Bujumbura. © Carl de Souza/AFP

Manifestation contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, le 25 mai 2015 à Kinama près de Bujumbura. © Carl de Souza/AFP

Publié le 13 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

« Nous dénonçons un forcing du gouvernement, une mascarade orchestrée pour mettre en place une Ceni totalement inféodée au pouvoir de Nkurunziza et de son parti », a dénoncé à l’AFP samedi Jérémie Minani, porte-parole du Mouvement Arusha, une plate-forme qui regroupe l’opposition politique et la société civile en pointe dans les manifestations contre un éventuel troisième mandat du président Nkurunziza.

Deux de cinq membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), désignés par le président et approuvés par le parlement, avaient démissionné fin mai et fui le pays, paralysant théoriquement l’institution au sein de laquelle les décisions devaient être prises à une majorité de 4/5.

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Un décret présidentiel, publié lundi mais daté du 30 mai, a ramené cette majorité à 3/5, tandis que les deux chambres du parlement ont approuvé vendredi soir deux nouveaux membres de la Commission.

« Instrument taillé sur mesure pour conduire Nkurunziza au pouvoir »

« Avec la décision du président-candidat de modifier les règles du jeu en plein match en ramenant des 4/5 aux 3/5 le quorum de la Ceni, juste pour arranger ses affaires, la Ceni est désormais un instrument taillé sur mesure pour conduire Nkurunziza et son parti au pouvoir », a dénoncé le porte-parole du Mouvement Arusha.

L’Assemblée nationale puis le Sénat ont approuvé vendredi soir les nominations de deux nouveaux commissaires : Annonciate Niyonkuru, une Tutsi de 38 ans, présidente du tribunal de grande instance de Ngozi (nord), la province natale du président Nkunrunziza, et Alice Nijimbere, une Tutsi également âgée de 38 ans, enseignante dans la province de Kayanza (nord).

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Ces nominations satisfont au sein de la Céni les obligations constitutionnelles d’équilibres ethnique et de genre.

Les présidents de deux groupes parlementaires d’opposition ont lu une déclaration dans laquelle ils ont exprimé leur « profond désaccord » avec « un forcing » du parti présidentiel, le CNDD-FDD, puis sont sortis de l’Assemblée sans prendre part au vote, qui a été acquis avec à la majorité des 3/4 requise par la constitution pour nommer les membres de la Céni.

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La « nouvelle » Céni a aussitôt déclaré recevable les huit dossiers de candidatures présentés pour le scrutin présidentiel du 15 juillet, dont celui du président Nkunrunziza.

« Les huit dossiers présentés à la Céni pour la candidature à la présidentielle du 15 juillet ont été validés hier, il n’y a pas eu de rejet », a déclaré le porte-parole de la Ceni Prosper Ntahorwamiye.

Parmi les candidats approuvés, outre le président Nkunrunziza, figurent notamment Agathon Rwasa, leader historique de l’ex-rébellion hutu des Forces nationales de libération (FNL), considéré comme le principal opposant burundais, et deux anciens présidents, Sylvestre Ntibantunganya (1994-1996) et Domitien Ndayizeye (2003-2005).

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