Arnaud Montebourg : « Alors que Total ferme des raffineries en France, je rêverais qu’il soit remplacé par des compagnies maghrébines »

À l’occasion de la conférence de l’Ipemed, organisée hier (le 6 décembre) à Paris, le ministre français Arnaud Montebourg, et l’Allemand Martin Schulz, président du parlement européen, ont défendu leur vision de la coopération économique entre les deux rives de la méditerranée. Défendant notamment le principe de la colocalisation.

Arnaud Montebourg, un des candidats de la primaire de gauche. © AFP

Arnaud Montebourg, un des candidats de la primaire de gauche. © AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 7 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) organisait le 6 décembre à Paris une conférence consacrée à la « colocalisation »  (coproduction de biens et services entre l’Afrique du Nord et l’Europe) – une notion longuement débattue par les participants. Le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et l’Allemand Martin Schulz, président du parlement européen, y ont défendu leur vision de la coopération économique entre les deux rives de la méditerranée.

 «  Au nord et au Sud de la méditerranée, on a vu les effets néfastes d’une mondialisation basée sur le succès du « moins-disant » économiquement et socialement. Des écarts se sont accentués entre les deux rives, et les crises et fractures se multiplient à l’intérieur même de chacun de nos pays », a regretté Arnaud Montebourg, très en verve. « Je suis chargé du redressement productif de la France. Mais chaque État, maghrébin ou européen, a l’ambition légitime de développer ses outils de production. Un pays qui ne produit pas est dans la main de celui qui produit, il perd sa liberté, doit accepter des prix fixés par les autres et son gouvernement devient incapable de tenir le compromis social », a affirmé le socialiste français.

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Pacte de coproduction

Alors que Total ferme des raffineries en France, je rêverais qu’il soit remplacé par des compagnies maghrébines !

Après avoir fait remarqué à son l’auditoire la difficulté de sa tâche – une allusion au dossier de l’usine ArcelorMittal de Florange, dont il venait d’être dessaisi par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault -, Arnaud Montebourg a appelé de ses vœux à la mise en place d’un « pacte de coproduction » entre les deux rives de la méditerranées. « Au-delà de l’histoire commune, souvent douloureuse, entre nos pays, si l’on regarde les choses avec un œil purement géopolitique, l’espace méditerranéen est un lieu idéal où, dans certaines filières, il est possible de partager – des ressources humaines, de la formation, des technologies et des capitaux – pour créer de la richesse ensemble », a-t-il expliqué, indiquant qu’un rapport sur le sujet, commandé par la France, lui serait remis en janvier 2013. Ce « pacte de coproduction », nécessite, selon lui, la possibilité d’une réciprocité : « Alors que Total ferme des raffineries en France où que Shell réduit le nombre de ses stations-service en Europe, je rêverais qu’ils soient remplacés par des compagnies maghrébines ! », a fait valoir le ministre.

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De son côté, Martin Schulz, du parti social-démocrate allemand, a dit craindre que l’Union européenne rate à nouveau « une chance historique » créée par le printemps arabe. « Lors des révolutions, les ministres des Affaires étrangères européens sont venus en Tunisie et en Égypte, affirmant qu’ils allaient renforcer leurs projets de coopération économique. Et puis, rentrés au pays, devant leurs ministres des finances, ils ont revus leurs ambitions à la baisse. C’est la triste réalité de l’Europe actuelle », a regretté le président du parlement de Strasbourg. « Dans les relations avec le sud de la méditerranée, au lieu de privilégier les relations bilatérales traditionnelles, il faut plutôt que l’Union européenne se dote des instruments, – de financement, de circulation des personnes, de formation, pour que la coproduction soit possible », a estimé Martin Schulz, dans un français parfait. Pour l’Allemand, les filières des infrastructures, de la gestion de l’eau, de l’agriculture et de la production d’énergie sont les plus adaptées pour un partage de production « gagnant gagnant ». « La route est longue, mais il est encore possible que l’Union européenne et les pays du sud et de l’est de la méditerranée prennent leur destin commun en main », a-t-il conclu.

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