Glamour en guerre : la « Shakira kurde » se pose en égérie anti-Daesh

Talons aiguilles, treillis et bague en forme de mitraillette : mêlant glamour et guerre, la chanteuse Helly Luv est devenue l’une des plus populaires passionaria de la lutte des Kurdes irakiens contre les jihadistes.

La chanteuse kurde Helly Luv, le 9 juin 2015. © Safin Hamed/AFP

La chanteuse kurde Helly Luv, le 9 juin 2015. © Safin Hamed/AFP

Publié le 14 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Lors d’une visite aux peshmergas, ces forces kurdes qui combattent le groupe État islamique (EI) depuis que celui-ci a conquis près d’un tiers de l’Irak il y a un an, Helly Luv explique avoir tourné son dernier clip à Al-Khazr, non loin des positions jihadistes, dans le nord du pays.

« Je veux donner quelque chose aux peshmergas car je me considère comme l’une d’entre eux », assure à l’AFP la chanteuse de 26 ans à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.

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« J’ai enfilé des uniformes peshmergas dans la chanson pour les encourager ».

Son dernier clip débute avec une scène de village paisible : des enfants jouent, des femmes font leur marché et des hommes bavardent autour d’un thé.

Tout à coup, retentit une explosion et surgissent des hommes en noir à bord de chars semblables à ceux que l’EI a pris aux forces gouvernementales irakiennes lors de leur offensive fulgurante en Irak en juin 2014.

Alors que la population fuit en courant, Helly Luv marche à contre-courant d’un pas assuré, talons dorés, bracelets ornés de balles et treillis kaki, et déploie devant un char une banderole où l’on peut lire en anglais « Arrêter la violence ».

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« Continuer à nous battre »

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Sur un autre plan, la jeune femme très maquillée aux cheveux rouges se déhanche près d’une voiture taguée avec les mots « Arrêter la guerre ». Mais les images de peshmergas lançant une contre-offensive pendant qu’elle chante en anglais « nous allons continuer à nous battre » suggèrent qu’elle n’envisage la fin de cette guerre qu’une fois les jihadistes défaits.

Avec son message contradictoire et ses images caricaturales, la vidéo a de quoi horripiler certains internautes mais est devenue populaire, vue plus de 700.000 fois sur YouTube deux semaines après sa sortie.

« La chanson s’appelle ‘Revolution’ et j’y appelle le Kurdistan et les pays du monde à s’unir pour combattre le terrorisme et l’injustice », explique Helly Luv.

« Je veux montrer au monde qui sont les forces peshmergas et qui est Daech », dit-elle, utilisant un acronyme arabe pour l’EI.

Le clip montre encore les peshmergas comme ils veulent être vus depuis le début des combats contre l’EI en juin dernier: des combattants laïques, courageux défenseurs de tous les innocents menacés par la brutalité des jihadistes.

Une réponse à leurs détracteurs qui les accusent de servir avant tout les intérêts de la communautés kurde.

Martelant cette volonté affichée d’unité, le clip montre des personnes défilant avec des messages de paix en diverses langues et une série de symboles religieux, dont la roue bouddhiste et l’étoile juive de David.

« Shakira kurde »

Du temps où les peshmergas étaient des combattants rebelles retranchés dans les montagnes, des musiciens inventaient des chansons pour les encourager dans leur lutte, raconte un de leurs officiers, Nawzad Saleh.

Pour le peshmerga Abdulrahmane Ahmed, des chansons telles que celle de Helly Luv encourageront « la communauté internationale à (…) coopérer davantage avec nous, et à nous soutenir avec des armes pour que nous puissions continuer à combattre ces terroristes ».

Quand l’EI s’est emparé de vastes pans de territoires l’année dernière et s’en est pris aux peshmergas, nombre de pays occidentaux avaient alors considéré les Kurdes comme le fer de lance de la riposte de la communauté internationale.

Selon la biographie publiée sur son site internet, Helly Luv, de son vrai nom Helan Abdulla, est née en 1988 et son grand-père a combattu avec les peshmergas.

Après la fuite d’Irak de sa famille à l’époque de Saddam Hussein, elle a grandi principalement en Finlande avant de s’envoler pour Los Angeles à 18 ans afin d’y entamer une carrière musicale.

Ses déhanchements sont à mille lieux des « nachids », ces hymnes sombres et pieux ayant fleuri sur les réseaux sociaux ces derniers mois, pour critiquer ou pour soutenir l’EI. Un journal n’a pas hésité à la surnommer la « Shakira kurde ».

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