Andrew Herscowitz : « Il y a beaucoup d’opportunités pour Power Africa en Afrique francophone »

Deux ans après le lancement par Barack Obama du plan Power Africa, son coordinateur, Andrew Herscowitz, a répondu aux questions de « Jeune Afrique » en marge de l’Africa Energy Forum de Dubaï. Et est revenu sur plusieurs aspects polémiques de ce méga-programme d’électrification.  

Andrew Herscowitz est le coordinateur du plan Power Africa, lancé par Barack Obama en 2013. © USAID.gov

Andrew Herscowitz est le coordinateur du plan Power Africa, lancé par Barack Obama en 2013. © USAID.gov

Publié le 15 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Andrew Herscowitz a été nommé par le président des États-Unis, Barack Obama, il y a deux ans, pour coordonner le plan Power Africa, qui vise à fournir l’accès à l’électricité à 60 millions de foyers sur le continent. Initialement doté de 7 milliards de dollars par le gouvernement américain, le programme a levé depuis quelque 20 milliards de dollars auprès du secteur privé et compte une centaine de partenaires. Son objectif : mettre en relation les différents acteurs (développeurs, investisseurs, institutionnels…) pour faciliter les investissements. Sur un objectif initial de 10 000 mégawatts installés en Afrique subsaharienne, il se félicite d’avoir participé à 4 100 mégawatts de projets déjà finalisés tandis que 15 000 MW supplémentaires sont à l’étude.

Après son annonce en 2013 à Cape Town, le programme phare du président américain en Afrique n’avait pas manqué de susciter des critiques, en raison notamment de l’absence de pays francophones dans son viseur. En marge de l’Africa Energy Forum organisé à Dubaï du 8 au 11 juin, Andrew Herscowitz a accepté de dresser un premier bilan avec Jeune Afrique.

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Où en est le plan Power Africa en terme de montants investis ?

C’est difficile à chiffrer globalement. Les choses changent vite : des projets ont été bien avancés cette semaine au cours du Africa Energy Forum, où nous avons enregistré des avancées sur des projets solaires au nord du Nigeria et au Kenya, de l’éolien au Ghana, et du gaz toujours au Nigeria. Mais pour prendre un exemple, Overseas private investment corporation (OPIC, l’institution financière de développement américaine) avait pris un engagement initial de 1,5 milliard de dollars et ils sont très bien partis pour y arriver.

Comment agissez-vous concrètement  ?

Nous mettons les acteurs en contact avec les projets qui pourraient les intéresser. Nous ne promouvons aucun projet en particulier mais nous sommes à l’écoute de ce qui intéresse les acteurs et des besoins. Ensuite nos partenaires, au gouvernement américain en particulier, ont des outils financiers à disposition : l’OPIC et l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) par exemple vont pouvoir financer les projets.

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Pouvez-vous nous donner un exemple de projet emblématique, selon vous, de ce que doit promouvoir Power Africa ?

Le site géothermique de Corbetti, en Éthiopie, pour lequel l’autorisation de forage a été donnée. C’est la première fois qu’un projet indépendant de production d’électricité est mené dans ce pays. C’est excitant, car cette ressource est abondante en Afrique de l’Est. Pour l’Éthiopie, c’est aussi l’opportunité de diversifier son mix énergétique.

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Il y a aussi de plus petits projets. Citons l’exemple du Kenya où, dans le comté de Baringo, on va utiliser une plante invasive pour faire de la biomasse. Ce site va bientôt entrer en activité et la récolte des plantes va créer beaucoup d’emplois. C’est un projet facilement réplicable.

On a pu lire que vous vous concentriez uniquement sur les zones rurales et les projets off-grid, pourquoi ce choix ?

Non c’est faux. Nous avons une initiative dédiée au off-grid qui s’appelle « Beyond the grid ». Mais nous faisons aussi de grands projets connectés au réseau, notamment du gaz ou de l’hydraulique.

Justement, il avait été annoncé au départ que Power Africa ne travaillerait pas, pour des raisons environnementales, sur l’hydraulique, qui est l’une des énergies les moins chères et les moins émettrices de CO2. Ce qui n’avait pas manqué de susciter des critiques…

Nous n’excluons pas l’hydraulique. Nous avons simplement été plus prudents avec cette énergie parce qu’elle peut être problématique en matière environnementale et en matière sociale, notamment lorsque des zones sont inondées. Donc nous n’avons pas d’interdiction d’investir dans des projets hydrauliques, d’ailleurs nous en avons beaucoup dans notre pipeline, des petits ouvrages en particulier, les barrages « au fil de l’eau ».

Le charbon est-il en revanche exclu ?

Totalement exclu.

Que répondez-vous aux critiques sur le fait que ce programme se concentrait uniquement sur 6 pays anglophones du continent (l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigéria et la Tanzanie), et sur aucun pays d’Afrique francophone  ?

Nous nous sommes concentrés sur ces 6 pays la première année. Maintenant nous étendons notre champ d’action. Le président a annoncé un engagement supplémentaire de 300 millions de dollars par an, ce qui nous offre la possibilité de recruter, d’aller dans plus de pays. Nous avons d’ores et déjà quelqu’un à Dakar, qui nous fait remonter des projets. Nous envisageons d’ailleurs d’installer une personne supplémentaire à Abidjan. Il y a beaucoup d’opportunités pour nous dans cette région et nous regardons actuellement des projets au Sénégal, au Bénin, en Côte d’Ivoire.

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