Automobile : à Cotonou, l’informel a toujours la cote

À partir des années 1980, l’importation de véhicules d’occasion s’est imposée comme un secteur clé au Bénin.

La revente de voitures de seconde main, ici à Cotonou, contribue à hauteur de 9 % au PIB du Bénin. © Jacques Torregano pour Jeune Afrique

La revente de voitures de seconde main, ici à Cotonou, contribue à hauteur de 9 % au PIB du Bénin. © Jacques Torregano pour Jeune Afrique

Fiacre Vidjingninou

Publié le 24 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

À Cotonou, première porte d’entrée des véhicules d’occasion en Afrique de l’Ouest. © Jacques Torregano pour Jeune Afrique
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Distribution automobile : le pari tentant mais risqué de l’occasion

Entre 4 et 5 millions de voitures de seconde main arrivent chaque année en Afrique pour y être revendues. Un marché largement détenu par le secteur informel, mais que les distributeurs officiels commencent à convoiter.

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Les coups de marteau, comme rythmés par la musique diffusée à la radio, s’entendent depuis la route inter-États menant au Nigeria. À quelques centaines de mètres de l’autoroute, dans le quartier Sekandji de Cotonou, plusieurs ateliers de soudure et de tôlerie jouxtent les parcs de vente de véhicules d’occasion. Dans une grande cour, plusieurs voitures accidentées sont garées. Salifou Adambi, 42 ans, remet d’aplomb à l’aide d’une poulie le train arrière d’une Passat Volkswagen. « Ici au Bénin, nous redressons toutes les voitures accidentées, nous les passons à l’atelier de peinture, puis nous les vendons sur place ou les expédions au Nigeria », explique le tôlier.

Si dans ce secteur la débrouille semble encore la règle, la revente de véhicules d’occasion est pourtant la première activité commerciale du pays. Selon l’Institut national de la statistique appliquée à l’économie (Insae), elle contribue à hauteur de 9 % au PIB béninois, crée entre 15 000 et 20 000 emplois directs, et plus de 90 000 de manière indirecte.

Rares sont les Béninois qui achètent leur auto chez les concessionnaires de véhicules neufs.

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« En moyenne, de 1 000 à 1 500 véhicules d’occasion sont débarqués chaque jour à Cotonou. Ils sont ensuite réexportés vers le Nigeria et les autres pays de l’hinterland. Cela représente plus de 80 % de nos échanges avec ces voisins », explique l’économiste Romain Abili. De 12 000 tonnes en 1985, le volume est passé à 350 000 t en 2000 pour s’établir en 2014 à plus de 600 000 t, selon les statistiques du Port de Cotonou.

Spécialité

En trente ans, le business de l’occasion est devenu une spécialité béninoise, même si l’activité est aussi très présente au Togo. On estime qu’il génère 600 milliards de F CFA (915 millions d’euros) pour l’ensemble du secteur, selon l’Insae. Une voiture achetée 1 000 dollars (900 euros) aux États-Unis se vend 2 500 voire 3 000 dollars à Cotonou, et l’État encaisse 950 000 F CFA de droits de douane si elle est remise en circulation à Cotonou, et 350 000 F CFA si elle part vers un des pays voisins.

En dehors de l’administration publique et de quelques grosses entreprises, rares sont les Béninois qui achètent leur auto chez les concessionnaires de véhicules neufs. Le principal problème de ce contributeur à l’économie est qu’il reste dans l’informel. Si cent soixante importateurs sont dûment enregistrés, ce n’est pas le cas des milliers d’artisans qui remettent en état les voitures.

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