Électricité : comment Aggreko a eu raison du Cameroun

Le Cameroun a dû accélérer les négociations pour le rachat de centrale thermique du groupe Aggreko à Yaoundé (60 MW). Découvrez comment le leader mondial des solutions énergétiques temporaires a obtenu gain de cause.

Aggreko est le leader mondial des services d’alimentation électrique temporaire. © Aggreko

Aggreko est le leader mondial des services d’alimentation électrique temporaire. © Aggreko

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Publié le 16 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

« Cela a mis du temps et je ne veux jeter la pierre à personne, mais tout est réglé », assure sans plus Christophe Jacquin, le directeur général Afrique du Nord et de l’Ouest d’Aggreko, à Jeune Afrique le 15 juin au soir. Aidé par la grave crise énergétique que le Cameroun affronte, le groupe anglais a fini par vendre sa centrale thermique d’Ahala, à Yaoundé.

Réserves épuisées

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À cause d’un concours de circonstances, le pays vit les pires délestages de ces dernières années. Du fait d’une météo capricieuse, la Sanaga, le principal fleuve sur lequel sont installés les barrages d’Edea et de Song Loulou, connaît son débit le plus bas depuis trois décennies. Les réserves d’eau des ouvrages de retenue sont épuisées. Les travaux de réhabilitation du réseau et l’indisponibilité ponctuelle de la centrale thermique de Yassa (86 MW) ont également contribué à plonger le sud Cameroun dans l’obscurité quasi permanente durant la deuxième quinzaine de mai et le début juin.

Récemment, le déficit énergétique du Cameroun a parfois atteint 150 MW en période de pointe.

En dépit de la récente mise en service d’une centrale thermique de 50 MW, le déficit énergétique a parfois atteint 150 MW en période de pointe. Confronté aux tirs de barrage des Camerounais sur les réseaux sociaux et mêmes sur les plateaux de télévision, Joël Nana Kontchou, le patron de l’énergéticien Eneo, a convoqué la presse le 4 juin pour expliquer la situation.

Négociations

Censée injecter 60 MW dès janvier dans le réseau interconnecté sud (RIS) pour gérer l’étiage 2015, la centrale thermique d’Ahala, à Yaoundé, demeurait pourtant à l’arrêt. La négociation en vue de sa cession traînait depuis des mois à cause principalement du montant. Le groupe anglais exigeait plus de 14 milliards de F CFA, alors que le ministère de l’Eau et de l’Énergie n’a provisionné que 10 milliards de F CFA dans son budget pour cette opération. À cela se greffe le bras de fer autour de la fiscalité. Le leader mondial des services d’alimentation électrique temporaire considère que le montant à verser doit s’effectuer hors taxes, tandis que la partie camerounaise tient à inclure les taxes inhérentes à ce type de transaction.

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C’est alors que le Premier ministre, Philemon Yang, enjoint le ministère des Finances et celui de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire à reprendre à leur compte la fiscalité qu’ils réclament. Ces administrations évoquent des problèmes légaux pour résister, alors que le pays broie du noir et qu’Aggreko s’est finalement rangée au prix du gouvernement. Elles finissent par céder.

Crise

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Il reste à franchir l’obstacle du ministère des Marchés publics qui doit valider la transaction, mais se fait prier. Au cours d’une réunion de crise présidée par ses soins le 10 juin, Philemon Yang intime à cette administration de signer le marché le 11 juin au plus tard. Dans la foulée, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Basile Atangana Kouna, appelle Christophe Jacquin pour lui donner toutes les assurances. Depuis Paris, ce dernier ordonne alors le redémarrage de la centrale qui fournira 40MW dans un premier temps.

À défaut de le résorber, Ahala contribuera au moins à atténuer l’impact de l’étiage qui prend officiellement fin le 30 juin.

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