Terrorisme : la France confirme l’opération américaine contre Mokhtar Belmokhtar
Le groupe terroriste libyen Ansar al-Charia a démenti mardi que le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar ait été tué dans une frappe américaine le weekend dernier en Libye, comme l’avait annoncé le gouvernement libyen.
Le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar a-t-il été tué lors par une frappe de l’aviation américaine lors d’une réunion d’Ansar al-Charia à Ajdabiya dans l’est de la Libye ? Oui, a déclaré le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. Non, a répondu mardi 16 juin le groupe terroriste lié à Al-Qaïda. Dans un communiqué, l’organisation dénombre sept personnes tuées dans le raid, parmi lesquelles ne figurent pas Belmokhtar, et affirme qu’ « aucune autre personnalité n’a été tuée ». De son côté, Washington a indiqué que le jihadiste avait bien été la cible d’une frappe, mais qu’il étudiait toujours son résultat, se refusant à confirmer la mort du terroriste.
En visite à Alger, lundi 15 juin, le président français, François Hollande, a lui affirmé que son pays était au courant de la présence de Belmokhtar sur le sol libyen. « Nous savions par nos propres services que Belmokhtar était en Libye, répondit-il dans une conférence de presse tenue dans la soirée à Alger. L’opération a eu lieu et il y a une très grande probabilité qu’il ait été tué. »
Prudent sur l’issue du raid, Hollande a précisé que les autorités françaises étaient informés de l’opération menée par les forces américaines mais qu’elles n’y avaient pas pris part. « Il y a un faisceau d’informations qui nous laissent penser que ce dangereux terroriste a été tué », a-t-il ajouté.
À Alger, aucun officiel n’a commenté l’opération qui a visé celui que l’on surnomme le « borgne ». Toutefois, une source proche des services de renseignements algériens a expliqué à Jeune Afrique que la confirmation de l’élimination de Belmokhtar devrait nécessairement passer par Alger. Seuls les services de sécurité algériens sont en mesure de fournir des échantillons d’ADN qui confirmeraient avec certitude que parmi les terroristes abattus figuraient l’auteur de la sanglante attaque lancée fin janvier contre le complexe gazier d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie.
ADN
C’était le cas avec l’Algérien Abou Zeid, l’un des principaux chefs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), tué en mars 2013 lors des opérations menées par l’armée française et l’armée tchadienne dans l’Adrar de Tigharghar, au nord du Mali. La confirmation de l’identité du cadavre des Ifoghas, sur lequel les soldats français avaient effectué des prélèvements organiques, était venue d’Alger quatre jours avant l’annonce officielle de son élimination. Les Algériens disposaient de fragments d’ADN familiaux d’Abou Zeid qui avaient permis, à la demande des autorités françaises, de recouper et d’identifier de manière formelle l’identité du terroriste.
À l’époque, les autorités tchadiennes avaient affirmé que Belmokhtar avait été tué lors de la même opération. « Nous avons les preuves qu’il est mort, mais nous n’avons pas pu filmer car il s’est fait exploser. Nous n’avons pas voulu diffuser de telles images. Mais nous savons que les prisonniers faits sur place l’ont identifié », avait déclaré le 15 avril le président Idris Déby Itno.
L’information avait rapidement été mise en doute par les autorités algériennes, dont les services assuraient avoir repéré « Mister Marlboro » sur le sol libyen, sans pour autant le localiser avec exactitude. « Nous avons la certitude qu’il n’a pas été abattu et qu’il se trouve quelque part en Libye », confiait à Jeune Afrique un haut responsable algérien, en avril 2013. Ce dernier ajoutait que les Américains savaient également qu’il avait trouvé refuge en Libye après l’attaque d’In Amenas, et disait ignorer pourquoi Washington n’était pas intervenu pour l’éliminer.
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