El-Béchir et la CPI : la polémique continue en Afrique du Sud

L’ONU a démenti mercredi les accusations selon lesquelles des troupes sud-africaines avaient été prises en otage au Darfour par des soldats soudanais dans le but d’obliger les autorités de Pretoria à laisser partir Omar el-Béchir, lundi, après un sommet de l’UA. Celui-ci faisait pourtant l’objet d’une interdiction de quitter le territoire émise par la justice sud-africaine.

Robert Mugabe (g) et Jacob Zuma (d), le 14 juin 2015 au sommet de l’UA à Johannesburg. © Shiraaz Mohamed/AP/SIPA

Robert Mugabe (g) et Jacob Zuma (d), le 14 juin 2015 au sommet de l’UA à Johannesburg. © Shiraaz Mohamed/AP/SIPA

Publié le 17 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Toujours muet sur le sujet, Jacob Zuma vise comme souvent le pourrissement de la situation pour minimiser les dommages politiques que celle-ci pourrait entraîner. Il est pourtant sommé par une partie de l’opinion sud-africaine de s’expliquer au sujet de l’aller-retour du président soudanais Omar el-Béchir à Johannesburg pour le sommet de l’Union africaine, le 14 et 15 juin dernier. Un voyage aux allures de pied de nez à la Cour pénale internationale (CPI), qui le recherche notamment pour génocide au Darfour et avait appelé Pretoria à l’arrêter.

Confronté à une polémique, le gouvernement sud-africain est appelé à justifier pourquoi le dirigeant soudanais a pu quitter sans encombre le pays depuis une base militaire. Le président el-Béchir était pourtant frappé d’une interdiction de sortie du territoire obtenue la veille par une ONG sud-africaine, qui avait saisi en urgence la justice. Alors que le tribunal n’avait pas encore rendu son jugement définitif, l’avion du président soudanais avait déjà décollé de l’aéroport de Waterkloof.

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Pas de menace sur les troupes sud-africaines présentes au Darfour 

Certains médias sud-africains avaient fait état de pressions sur les troupes sud-africaines de maintien de la paix présentes au Darfour. Selon News 24, quelque 800 soldats y auraient été retenus en otage par des troupes soudanaises pour permettre le départ d’El-Béchir. Des accusations démenties par l’armée sud-africaine et par l’ONU mardi, rapporte Reuters.

De l’avis de plusieurs analystes, l’Afrique du Sud a délibérément choisi de ne pas arrêter Omar el-Béchir pour rallier la fronde des dirigeants africains contre la CPI. Une instance critiquée sur le continent car n’ayant poursuivi jusque là que des Africains.

« Nous envisageons sérieusement de poursuivre l’État »

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«Nous allons attendre (…) que l’État explique pourquoi il n’a pas fait respecter l’ordre de la justice», a déclaré l’ONG qui avait saisi la justice, le Centre des litiges d’Afrique australe (SALC). «Nous envisageons sérieusement de poursuivre l’État pour entrave à la justice».

Certains estiment également que Pretoria a violé sa Constitution en permettant au dirigeant soudanais de quitter le pays. « L’attitude (des autorités) qui ont échoué à prendre des mesures pour interpeller et arrêter le président du Soudan Omar el-Béchir est en contradiction avec la Constitution de la République sud-africaine », a déclaré le juge Dunstan Mlambo, qui avait interdit la sortie du territoire sud-africain au président soudanais.

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