ONU : des pistes pour éviter les abus sexuels par des Casques bleus
Pour limiter les risques d’abus sexuels commis par des Casques bleus sur le terrain, un rapport de l’ONU remis mardi au secrétaire général Ban Ki-moon suggère plusieurs pistes. Comme par exemple celle visant à écarter des missions de paix les pays qui bafouent les droits des enfants.
Ce rapport d’experts, rédigé sous la direction de José Ramos-Horta, Prix Nobel de la paix et ancien président du Timor oriental, souhaite réviser l’ensemble des opérations de maintien de la paix des Nations unies afin de les adapter à une nouvelle réalité. Car contrairement à ce que leur nom laisse penser, « les Casques bleus sont de plus en plus souvent appelés à gérer des conflits » et sont directement menacés par les belligérants.
Remis mardi 16 juin 2015 à la direction de l’ONU, le rapport avait été commandé l’an dernier, avant le dévoilement d’une série d’accusations d’exploitation et d’abus sexuels impliquant des soldats de la paix en Haïti ou au Liberia et de soldats étrangers, notamment français, en Centrafrique. Cette série de scandales « est la pire chose qui puisse arriver pour la crédibilité de l’ONU », a estimé José Ramos-Horta, parlant de « période noire ».
« Liste de la honte »
Selon un résumé du document, les pays qui bafouent les droits des enfants dans les conflits armés devraient être exclus d’office de toute mission de maintien de la paix. Chaque année, l’ONU met à jour une « liste de la honte » des armées et des milices coupables d’exploitation ou d’abus sexuels, qui comprend des pays comme la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, le Yémen ou encore la Syrie.
Cette même exclusion devrait aussi s’appliquer aux pays dont les armées commettent des violences sexuelles de façon générale, peut-on lire dans le rapport.
« Immunité ne veut pas dire impunité »
Le rapport suggère aussi de faire connaître les sanctions prises par les pays contributeurs, de dénoncer l’absence de sanctions, d’accélérer les enquêtes et de créer un « programme efficace et bien financé d’aide aux victimes. »
Les experts soulignent aussi « qu’immunité ne veut pas dire impunité » pour les Casques bleus, en faisant référence au principe de l’immunité dont bénéficie le personnel de l’ONU dans le cadre de son mandat. « Personne ne devrait être au-dessus des lois », a commenté José Ramos-Horta, tout en reconnaissant que les militaires échappent souvent à cette règle, l’ONU étant forcée de s’en remettre aux pays d’origine des coupables pour les juger.
Depuis les 15 dernières années, le nombre de Casques bleus a presque septuplé, passant de 20 000 au début des années 2000 à près de 130 000 hommes aujourd’hui.
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