Affaire Thomas Sankara : Mariam demande aux députés français d’ouvrir une enquête

Mariam, la veuve de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara, poursuit sa quête de vérité, du Burkina Faso à la France où elle a demandé mardi aux députés français d’ouvrir une enquête parlementaire.

Mariam Sankara, la veuve de l’ancien président Thomas Sankara, le 20 mai 2015 à Ouagadougou. © Ahmed Ouoba/AFP

Mariam Sankara, la veuve de l’ancien président Thomas Sankara, le 20 mai 2015 à Ouagadougou. © Ahmed Ouoba/AFP

Publié le 17 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

« Je n’ai pas abandonné, je n’abandonnerai pas, jusqu’à ce que vérité soit faite », confie Mariam Sankara, dans un rare entretien accordé, le 16 juillet, à l’Agence France presse (AFP).

Elle vit en exil à Montpellier, dans le sud de la France, où elle s’est installée en 1990 avec ses deux enfants. Mais elle était à Paris mardi pour demander aux députés français d’ouvrir une enquête parlementaire sur les circonstances de la mort de son époux.

Si on arrivait à ouvrir les archives, on pourrait situer les responsabilités.

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Mariam Sankara souhaite que Paris contribue à éclaircir le mystère. « La France a été souvent citée dans les complicités, en ce qui concerne l’assassinat. Si on arrivait à ouvrir les archives, on pourrait situer les responsabilités », estime-t-elle. « Il y va de l’intérêt de la France, du Burkina et de toute l’Afrique que cette vérité se sache ».

« J’ai écrit à Hollande, pas de réponse »

Les autorités françaises n’ont jusqu’ici jamais donné suite à ses requêtes. « Cela fait 18 ans que la plainte est déposée. J’ai écrit au président Chirac (1995-2007), j’ai reçu une réponse comme quoi ce genre de chose ne se produirait plus. J’ai écrit au président Sarkozy (2007-2012) qui a répondu aussi qu’ils vont veiller à ce que ce genre de situation ne se reproduise plus au Burkina », explique-t-elle.

« J’ai écrit à Hollande quand il est devenu président mais je n’ai pas reçu de réponse… », ajoute-t-elle.

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Elle espère que les députés français accepteront sa demande d’enquête parlementaire. Mais cela suppose un consensus politique et « je pense que cela peut être difficile », reconnaît-elle. Deux requêtes similaires, émanant de députés burkinabè, étaient restées lettre morte en 2011 et 2012.

« Je vais revenir au Burkina »

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Fêtée à son retour au pays en mai, Mariam Sankara cultive la discrétion et fuit les journalistes. « Je ne me donne pas un rôle politique. Les sankaristes ont un candidat que nous soutenons qui est Bénéwendé Sankara [sans lien de parenté] », souligne-t-elle.

Mais elle s’est inscrite sur les listes électorales et pourrait s’impliquer aux côtés de son candidat dans la campagne électorale au Burkina Faso, à l’approche des scrutins présidentiel et législatif d’octobre.

« Je m’installerai un jour au Burkina », ajoute Mariam Sankara. « J’ai ma mère, j’ai des frères. Je vais revenir ».

Ses deux enfants, adultes et établis aux États-Unis, viendront peut-être aussi. « Ils sont Burkinabè, nous sommes toujours restés Burkinabè », assure-t-elle.

Depuis la chute de Blaise Compaoré, la justice burkinabè a ouvert une enquête en mars et elle a convoqué Mariam Sankara pour l’auditionner en mai.

« J’ai été entendue. J’ai eu l’impression que le juge voulait vraiment aller au bout de cette enquête, je ne peux qu’espérer que cela se passe bien », dit-elle.

À la demande du juge d’instruction, les restes de Thomas Sankara et des douze autres victimes sont exhumés fin mai.

« Le but, c’est d’identifier les corps mais aussi de déterminer les circonstances des décès puisque nous avions reçu des certificats disant qu’il s’agissait de morts naturelles ».

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